Ancien Enfant Reporter de Kalemie formé par l’UNICEF, Mandela Longa Ntutula est aujourd'hui journaliste et continue son combat en encadrant la nouvelle génération d’Enfants Reporters.

Découvrez le magnifique poème de Mandela, ancien enfant reporter de Kalemie, qui continue aujourd’hui son combat en encadrant la nouvelle génération d’enfants reporters.

Je suis Mandela Longa Ntutula, né le 11 Février 1992. Agé de 22 ans, je suis encadreur des enfants reporters de Kalemie et un des journalistes amis de l’enfant. Je suis orphelin de père et de mère ; mes parents sont morts dans une embuscade tendue par les Mai Mai, le jour de mes 10 ans. Emu par ce départ brutal de mes parents, j’ai décidé d’habiter avec mon frère au quartier Katanga Kivu, un quartier très pauvre où la situation des enfants est déplorable.

Formé  enfant reporter en 2009 puis devenu par la suite journaliste ami des enfants, j’ai réalisé des productions et animer des émissions qui ont permis aux décideurs locaux de connaître la réalité de la situation des enfants du Tanganyika . Des mesures appropriées ont pu être prises : l’interdiction du travail des enfants dans les carrières minières de Kisebwe et Nyunzu et l’accélération des jugements supplétifs pour l’enregistrement à l’état civil des enfants déplacés et sortis des groupes armées.

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Pendant  la Journée contre l’Utilisation de l’Enfant Soldat célébrée le 12 Février 2014,  j’ai pu voir à quel point il pouvait être intéressant d’écouter les enfants. J’ai écrit et lu aux élèves des écoles du Mangulu, Nyota et Sango et dans les camps de déplacés Lukwangula et Sango, un poème intitulé : « Nombreux à Servir les Milices »:

Je  rends hommage à vous enfants soldats
Vous, enfants recrutés sans solde ni mandat
Vous, jeunes fantassins pauvrement habillés
Vous, qu’ils ont embarqué sans billet

Je ne m’adresse pas à vous qui vous faites éduquer
Mais à vous qui voyez votre enfance confisquée
Vous qu’ils utilisent comme boucliers humains de guerre
Néanmoins, l’Unicef ne vous abandonnera guère
 
Soldats, vous, enfants qu’attendait le futur
Demeurez forts malgré cette conjoncture
Espérez qu’un jour nouveau vienne
Et sachez que vos nouvelles nous parviennent
 
Soyez-en sûr, la communauté vous accueillera
le jour-J, lorsque le soleil apparaitra
L’école  ne vous rejettera car vous demeurez digne
Mais pour le moment votre situation nous indigne
 
Seigneurs de guerres ; vous qui enrôlez les enfants,
L’humanité vous jugera de vos actes dégradants
Tout le village se plaint de la loi que vous instaurez
Remettez-lui ses enfants ; ils n’appartiennent pas  à la forêt
 
Dévoués humanitaires,  passionnés serviteurs
Le village réclame ses enfants devenus fusilleurs
Sacrifiez votre temps à les lui ramener
Sinon il subit des dommages effrénés

Pour mieux le maîtriser, certains enfants de l’école primaire Nyota ont immédiatement transformé ce poème  en chanson. Aussi, il a inspiré ces mots à un élève de l’école primaire Magulu qui a émerveillé sa classe : «les enfants soldats n’ont aucun droit. S’ils jouissent d’un droit c’est peut-être celui de la gratuité de leur respiration. Les armes qu’ils portent ne conviennent pas à leur état d’enfant et il est impossible de vivre sans espoir de revoir ses parents ou de reprendre le chemin de l’école un jour».

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