Fatuma a 12 ans et demi. Elle est élève en cinquième année de l’Ecole Primaire Magulu Muyembo, dans le village de Sango Malumbi, à Kalemie dans le Katanga. Avec ses camarades, elle mène des plaidoyers sur les droits des enfants et la paix, dans son école et son village.

Fatuma is 12 ½ years old. She is a pupil in year 5 of Magulu Muyembo Primary School in the village of Sango Malumbi, in Kalemie, Katanga Province. Together with her classmates, she leads advocacy activities for children’s rights and for peace in her school and her village.

Je m’appelle Fatuma Feza, j’ai 12 ans et demi. L’histoire que je veux partager avec vous est celle que j’ai vécue entre un élève bantou et un élève pygmée de mon école.

Je suis élève de la 5ème année de l’Ecole Primaire Magulu Muyembo, dans le village de Sango Malumbi, à Kalemie dans le Katanga. En septembre, avec 40 élèves de notre école, nous avons été formés sur la Convention des droits de l’Enfant et la paix. Ensuite, j’ai eu la chance d’être sélectionnée parmi 4 élèves, 2 filles et 2 garçons, pour être formée comme Enfant Reporter de notre école par les jeunes journalistes de Kalemie.

Notre rôle est de sensibiliser les enfants de notre village et de notre école sur la paix. Nous travaillons aussi pour résoudre les conflits et faisons des plaidoyers auprès des parents, du chef de village, du directeur d’école lorsque les droits des enfants ne sont pas respectés.

Fatuma Feza

Dans notre village, les pygmées sont marginalisés en toute chose

Avant, je trouvais cette discrimination normale parce qu’on on avait appris depuis notre bas âge que les pygmées étaient inférieurs à nous. Nous ne pouvions jamais être avec eux, que ça soit à l’église, à l’école, au puits d’eau… Il doivent habiter loin de nous.  C’est après notre formation que je me suis rendu compte que c’était une grave erreur de les considérer ainsi.

A l’école, nous avons la cantine scolaire où nous mangeons une fois par jour. Cette année, il y a beaucoup d’élèves et pas assez d’assiettes. Le directeur nous a dit que certains enfants devront partager leur repas dans la même assiette, jusqu’à ce que les parents en ajoutent. Ce jour-là, Mushapa, un élève bantou devait partager son repas dans la même assiette que Kalutshe, un élève pygmée.

L’élève bantou a refusé que le pygmée mette la main dans l’assiette

Il était catégorique, malgré l’intervention du directeur et des enseignants. Ils se sont fortement querellés parce que le pygmée aussi voulait à tout prix manger.

Frustrés de cette humiliation, tous les enfants pygmées ont quitté l’école avec leur frère Kalutshe et sont allés raconter la scène à leurs parents. Les parents pygmées sont allés voir le chef du village pour déplorer cette injustice et l’informer de leur décision de retirer tous leurs enfants de l’unique école du village.

Saisis de la situation, mes 3 amis et moi sommes allés voir le directeur

Nous lui avons demandé de nous donner un temps avant d’entrer en classe, pour parler à tous les élèves du respect des autres, de la paix entre élèves et des droits de chaque enfant. Il a accepté et nous a ensuite permis d’aller parler aux enfants pygmées qui n’étaient pas venus à l’école ce jour-là.

Nous sommes allé chez Kalutshe pour parler avec lui et les autres enfants pygmées qui étaient fâchés. Ils nous ont compris, nous avons demandé pardon et avons parlé avec leurs parents. A la sortie de l’école, nous y sommes retournés avec Mushapa, celui qui avait frustré l’élève pygmée.

Enfant Reporter réconcilie pygmées et bantous

Il a demandé pardon à son collègue et aux parents de ce dernier

Tout le monde était content. Nous avions appliqué ce que nous avons étudié. Nous sommes allés voir le chef du village en lui demandant de parler avec les parents de la paix, du droit à l’éducation de tous les enfants sans discrimination et de la cohabitation pacifique de tous (bantous et pygmées).

Le chef a tenu cette réunion avec les parents bantous et pygmées du village et le directeur de l’école était là. Ils ont promis de veiller sur les relations harmonieuses des enfants à l’école et dans la communauté.

Aujourd’hui, nous sommes en parfaite harmonie avec les enfants pygmées à l’école, au village, au puits. Nous jouons ensemble et 16 enfants pygmées de notre école ont été formés sur la Convention des droits de l’enfant et la paix. Ils sensibilisent aussi avec nous.