Carmel a 15 ans et il est enfant reporter de Kinshasa. Cycliste et constructeur de robot, il aime le football et Cristiano Ronaldo. Sa devise? "Malgré les tempêtes, il faut aller de l'avant".

Carmel is 15 years old and is a child reporter from Kinshasa. Carmel is a cyclist, builds robots and likes football and Cristiano Ronaldo. His motto is: ‘Despite the storms, one must move on.’

Je veux vous parler du Code de la famille du point de vue des enfants, parce que le code de la famille est très important pour un pays. C’est l’instrument par excellence dans la gestion de la famille. 

Cependant, quand j’ai assisté au Forum des Jeunes pour la Journée de la Jeune Fille, j’ai constaté que le Code de la Famille en vigueur en RDC contient plusieurs défauts. Il autorise le mariage des enfants, et il est discriminatoire en qui concerne les filles et les enfants nés hors mariages.

Une révision s’impose.

Le Code de la Famille RD congolais est un instrument juridique qui régit les règles et l’organisation de la famille. Ce texte comprend plusieurs lois en rapport avec : le mariage, l’adoption, la succession, les régimes matrimoniaux, l’enregistrement à l’état civil, etc. Etant donné que l’enfant est un membre à part entière de la famille et bien que le code soit généraliste, il contient plusieurs articles en rapport avec l’enfant. Ces articles parlent de la protection, de la nutrition, de la santé, de l’identité de l’enfant et de tant d’autres.

Toutefois, laissez-moi vous informez que le Code de la Famille actuel est en revisitassions au parlement. Comme nous l’a expliqué un expert pour la Journée de la Jeune Fille, le Code a été revu compte tenu du dépassement des terminologies ; de l’inadaptation du code actuel avec d’autres instruments juridique au niveau national (Loi portant protection de l’Enfant, la Constitution) et de l’incohérence de celui-ci avec d’autres instruments internationaux (la Convention des Droits de l’Enfant). C’est pour cela que madame Geneviève INAGOSI, alors Ministre du genre, de la famille et de l’enfant, a déposé un projet de loi au Parlement pour le réviser.

 Cette loi régit la famille qui est le fondement de toute société

La révision du code est d’une importance capitale, tant pour les enfants que nous sommes, que pour l’ensemble de la communauté, parce que cette loi régit la famille qui est le fondement de toute société, et que dans le code actuel, certaines dispositions vont à l’encontre de nos droits, à nous enfants.

Savez-vous que le Code de la Famille congolais actuel fixe l’âge du mariage, à 18 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes ? Savez-vous que le code interdit l’adoption des enfants si au moment de l’adoption les parents demandeurs ont plus de 3 enfants, sauf dispense accordée par le président du MPR, le parti politique du Marechal Mobutu, qui n’existe plus ? Savez-vous que selon le code, un enfant né hors mariage n’a pas le droit d’hériter des biens de ses parents s’il n’est pas affilié à la famille ?

[separator]

Les photos du Forum des Jeunes pour la Journée de la Jeune Fille:

[separator]

La RDC enregistre le second taux le plus élevé de grossesses chez les adolescents au monde : 135/1000 naissances vivantes (MICS 2010). 43% des femmes congolaises vivait déjà en union avant 18 ans (EDS 2013/2014).

C’est pour ces multiples raisons que moi et mes amis enfants reporters soutenons la révision de ce Code, qui ne promeut pas les droits des enfants, mais qui plutôt les discrimine.

Le mariage précoce des enfants est un frein au développement du pays. Cela impacte négativement sur leur santé et leur éducation. Selon les experts que nous avons rencontré au Sommet des Jeunes sur le mariage précoce, une fille enceinte précocement (avant ses 18 ans) a moins de chances de terminer son cycle scolaire, risque d’avoir des sérieux problèmes de santé et l’enfant qui naitra aura surement un retard de croissance.

D’après la Convention des droits de l’Enfant et la Loi portant protection de l’Enfant, tous les enfants ont les mêmes droits et sont égaux. Un enfant qu’il soit né dans ou hors mariage, a le droit d’hériter des biens de ses parents et de vivre comme tout autre enfant. Il n’a jamais demandé de venir au monde, c’est le destin qui en a décidé ainsi.

C’est pourquoi je demande au gouvernement de :

  • – Mettre en place un mécanisme de protection de l’enfant contre les mariages précoces et de prise en charge des victimes ;
  • – Mieux vulgariser les instruments juridiques tels que la Loi portant protection de l’Enfant et la Convention relative aux droits de l’Enfant ;
  • – Punir efficacement les auteurs des mariages précoces ;
  • – Sensibiliser la population sur les méfaits du mariage précoce ;
  • – Amplifier la campagne sur l’enregistrement des enfants à l’état civil.

Et au Parlement :

  • – D’accélérer le processus de révision du Code de la Famille ;
  • – De renforcer les lois qui sanctionnent les auteurs de mariage précoce.

Enfin, je demande aux parents de ne pas envoyer précocement leurs enfants au mariage, car cela a des conséquences graves sur leur avenir. Nous enfants avons besoin de protection, d’être soutenus par nos parents et notre communauté. Les mariages précoces de filles, le non accompagnement, la discrimination à leur égard assombrissent leur avenir.

Nous enfants disons :

  • Non, aux mariages des enfants

  • Non, à la discrimination entre filles et garçons

  • Oui, à l’égalité des chances entre tous les enfants

  • Oui, à l’éducation des filles jusqu’à 18 ans

     

[separator]

Bonne nouvelle!

Les discussions sur le projet de loi au Sénat ont été finalisées. La modification des articles sur le mariage précoce et l’autorisation maritale a été adoptée. Ce projet de loi doit maintenant être discuté au Parlement lors de la session du mois de mars.

[separator]

Depuis octobre 2013, le gouvernement de la République Démocratique du Congo, la Delegation de l’Union Europeene, l’UNICEF et  la GIZ (organisation allemande de coopération internationale) ont démarré la mise en œuvre d’un programme appelé « Femmes et Hommes, progressons ensemble ».

Il s’agit d’un programme novateur et de haute portée politique qui répond aux Violences Basées sur le Genre  à travers une approche holistique et durable. Cette approche consiste à agir sur les causes profondes des violences basées sur le genre, en vue d’obtenir des résultats pérennes dans la perception du rôle et de la position de la femme et de l’homme dans la société congolaise.

[separator]

Photo: UNICEF RDC 2013 Benoit Almeras