Carmel a 15 ans et il est enfant reporter de Kinshasa. Cycliste et constructeur de robot, il aime le football et Cristiano Ronaldo. Sa devise? "Malgré les tempêtes, il faut aller de l'avant".

Carmel is 15 years old and is a child reporter from Kinshasa. Carmel is a cyclist, builds robots and likes football and Cristiano Ronaldo. His motto is: ‘Despite the storms, one must move on.’

Pour clôturer le mois de la femme, j’aimerai soulever certaines questions en rapport avec l’égalité des sexes, un sujet sur lequel hommes, femmes et enfants sont souvent en désaccord.

Le sexe est une caractéristique biologique et un acquis

Avant d’ouvrir les débats, mettons-nous d’accord sur la définition d’un terme très capital en matière d’égalité : celui du genre. Comme souvent en ce qui concerne la parité, les avis sont très partagés. D’une part il y a ceux qui pensent que le genre est inné : le genre d’un enfant dépend de ses caractéristiques biologiques. Et de l’autre, ceux qui pensent que le genre est un acquis; il est déterminé par l’éducation reçue ; que c’est une question de culture.

Les acquis sont des attributions intellectuelles, physiques ou comportementales qu’une personne acquière tout au long de sa vie. Elles sont fonction de son éducation, sa culture et son environnement. Ces attributions varient d’une société à l’autre, mais traditionnellement on attache plus souvent aux femmes la tendresse, la maternité, etc. et aux hommes la virilité, la vaillance et tant d’autre.

Moi, je pense que la meilleure position est une harmonie entre les deux : entre l’inné et l’acquis. Eduquer l’Enfant à l’inverse des caractéristiques de son genre pourrait risquer de le faire rejeter par sa communauté et lui causer des problèmes. Chaque personne nait avec des caractéristiques biologiques et elles peuvent être améliorées avec des acquis sans entrer en contradiction. Après cet aperçu, entrons dans le vif du sujet.

L’égalité des sexes domine les débats de société

Les hommes et les femmes du monde entier discutent sans cesse de ce sujet, qui d’après certains jouerait un rôle déterminant dans l’avenir de nos sociétés modernes.
De la coopérative Femmes en action en Afrique aux FEMEN en passant par les Pussy Riots en Europe, de nombreuses femmes se sont lancées dans une quête d’égalité dont peu sont à même d’imaginer les conséquences sur les sociétés.

Malgré ces revendications de leur droits, les femmes restent victimes de discriminations, de violences et d’abus de tout genre. Il suffit de suivre les infos pour voir ces centaines de filles kidnappées par Boko Haram et qui n’ont plus le droit d’étudier, pour réaliser l’ampleur de la situation.

Au vu de tous ses malheurs, même les femmes africaines qui jusqu’à présent gardaient certaines coutumes traditionnelles ont compris que l’égalité des sexes ne s’obtiendra pas en restant les bras croisés.

Il faut donner aux garçons et filles les mêmes chances de se développer conformément à la Convention relative aux Droits de l’Enfant qui prône l’égalité des chances et la non-discrimination.

En tant qu’enfant reporter je me dois de lutter pour l’égalité

Je me dois de lutter pour que tous, nous jouissions des mêmes droits et privilèges. Sauf qu’avant de se lancer, il faut que nous sachions exactement ce que c’est. En tant qu’enfant, on est souvent confus :

Est- ce tout simplement une égalité des chances ? Est-ce le fait d’avoir autant d’hommes et de femmes dans les organisations socio-politico-administratives? Est-ce le fait que les femmes fassent les mêmes choses que les hommes ? Pour répondre à ces questions, j’ai décidé de récolter l’avis de quelques personnes à l’UNICEF.

Différents avis sur l’égalité des sexes

Pour Yves, l’égalité des sexes n’est pas le bon terme, on devrait parler d’égalité des chances parce que l’Homme et la Femme sont très différents du point de vue physique. C’est ce que moi j’appelle caractéristique biologique. Si nous étions tous égaux nous penserions tous de la même manière et il n’y aurait aucune particularité. C’est la diversité qui amène au développement.

Pour Didine, l’égalité c’est avoir des compétences égales entre hommes et femmes. Intellectuellement, nous sommes égaux. Ce sont nos sociétés qui créent la différence à cause des coutumes souvent discriminatoires à l’égard des femmes.

Elle m’a raconté qu’un jour en allant au travail en voiture, on l’a klaxonnée au feu rouge et un chauffeur lui a dit « tu n’es pas faite pour le volant, ta place est à la cuisine » avant de brûler le feu rouge et de se faire arrêter par les roulages [la police de la circulation].

Didine lui a lancé : « tu ne connais pas le code de la route, c’est toi qui devrait être à la cuisine !». Pour moi, cet exemple illustre bien les préjugés contre les femmes.

Pour Esther*, l’égalité c’est donner la chance aux femmes d’avoir le même travail que les hommes, mais dans le mariage la Femme est une aide à l’Homme : elle ne peut pas être son égale, c’est l’homme qui dirige. Mais cela ne veut pas dire que l’homme doit lui dicter ce qu’elle doit faire, ils doivent prendre les décisions en concertation.

Je dirais en ce qui me concerne que l’égalité des sexes c’est donner à l’Homme comme à la Femme les mêmes opportunités.

C’est une question de justice et de partage des responsabilités, tant dans la famille que dans la société. Si notre vision des forces et faiblesses d’un individu est seulement fonction de son sexe, cela peut entraîner une discrimination et limiter ses opportunités.

Les coutumes traditionnelles sont-elles contre les femmes ?

Certaines personnes pensent que des coutumes ancestrales africaines ont pour but de rendre la Femme esclave de l’Homme en la condamnant au travail des champs et à rester à la maison pour s’occuper de son mari et de ses enfants. Eh bien moi, je ne partage pas cet avis. C’est simple à expliquer.

Dans les sociétés d’autrefois, l’homme étant donné sa force physique avait une vie de guerrier pour protéger son clan et il faisait les taches nécessitant un grand effort physique. La femme vu qu’elle porte les enfants restait à la maison s’occuper d’eux, faire la cuisine et servir son mari.

Les garçons étaient préparés au combat et les filles restaient aider leurs mères pour apprendre d’elles. Comme à cette époque c’était la loi du plus fort, les hommes occupaient les plus grandes fonctions. Voilà ma vision.

Vous savez ce qu’on dit : l’habitude est une seconde nature. Ces habitudes se sont transformées en coutumes et toute modification a été considérée comme un frein à la société. Je voulais vous montrer que ce ne sont pas des hommes qui se sont mis en dessous d’un arbre en se demandant « que peut-ont faire pour discriminer la femme ? » mais un mode de vie devenu coutume.

Sauf que c’était par rapport à un contexte : il n’y avait pas de démocratie, tout le monde faisait la guerre à tout le monde et le travail était différent. Actuellement avec le développement, les femmes ne sont plus obligées de rester à la maison pendant que leur mari vont à la chasse ou à la guerre.

L’égalité des sexes dans le travail

A mon avis, certaines militantes féministes ont fait des erreurs en dévalorisant les occupations traditionnelles des femmes car pour elles, la femme ne pouvait se mettre en valeur et prétendre à l’égalité des sexes qu’en exerçant les mêmes professions que les hommes.

Mais pour moi, certains métiers étaient exercés par les hommes compte tenu de leurs caractéristiques biologiques. Par exemple les métiers d’ouvrier qui demandaient de soulever des lourdes charges. Avec l’avancement des technologies, le travail n’est plus aussi pénible et les femmes peuvent exercer les mêmes métiers que les hommes.

Mais qu’on ne réduise pas l’égalité au travail : une femme peut choisir d’être femme au foyer et cela ne la rend pas inférieure à l’homme.

Hommes et femmes, filles et garçons, nous sommes tous égaux

Nous devons tous bénéficier des mêmes droits et opportunités garantis par la Convention des droits de l’Enfant. Je pense que pour qu’on y arrive il faudrait :

*Sensibiliser la population et particulièrement les élèves sur l’égalité entre Homme et Femme, pour les amener à comprendre son vrai sens et pousser à un changement de mentalité.

* Organiser des conférences ou des forums dans lequel les enfants au niveau national ou international pourront échanger et discuter de la question de l’égalité des sexes pour faire avancer le débat.

Il faut que l’Homme et la Femme soient au même pied d’égalité. C’est ce que nous les enfants devons retenir.

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* Le nom a été changé.

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Photo: UNICEF RDC 2014 Pudlowski.