Délice Wamusonia est encadreur des enfants reporters à Bunia, province de l'Ituri.

Grâce et son petit-frère Joël vendent les chikwangues à la prison centrale de Bunia, pour preparer la prochaine rentrée scolaire. Mon nom est Délice Wamusonia. J’encadre  les Enfants Reporters de Bunia, dans la Province de l’Ituri.

 

 

Ce matin à la prison centale de Bunia, pendant que je venais pour l’audience, j’ai vu deux enfants. Une fille et un garçon. La fille avait une bassine sur la tête, et le garçon un seau. Les deux étaient remplis de chikwangues. Il m’a paru curieux de voir des enfants dans la prison, en train de vendre. L’accès n’y est pas du tout facile, surtout pour les enfants. Je me suis approché d’eux pour en savoir plus.

 

 

Ils ont la charge de vendre les chikwangues

Grâce a 12 ans, et son petit-frère Joël 10. « Dépuis les vacances, mon petit-frère et moi venons ici pour vendre les chikwangues de maman. Elle les prépare et c’est nous qui les vendons. Le bénéfice va aider maman à preparer notre rentrée scolaire », explique Grâce. Elle poursuit :  »Nous venons vendre ici à la prison parce qu’ici le marché est favorable, et nous vendons vraiment bien parce que les prisoniers aiment beaucoup nos chikwangues.

 

Grâce et Joël habitent  au quartier Bigo 1. Un quartier assez éloigné de la prison qu’ils rejoignent à pieds. Sauf pour le retour, car « souvent déjà à 17h00 nous rentrons à la maison, et maman autorise que nous prenions une moto taxi pour le retour » raconte la fille.

 

 

Un accès difficile mais négocié à la prison

« Parfois il est difficile d’entrer dans la prison, parce qu’on en refuse l’accès aux enfants. Mais nous payons chacun 1000 francs congolais puis c’est fait. Il n’a pas été facile nous adapter au debut, mais actuellement nous sommes des habitués d’ici » explique Grâce.

Mais vendre en prison a aussi des incovénients, raconte Grâce : « Il y’a d’autres prisoniers qui prennent nos chikwangues sans nous payer. Et là ça nous pose des problèmes pour le calcul avec maman le soir. Elle pense que nous avons soustrait de l’argent alors que ce n’est pas le cas. »

 

 

Non à l’exploitation économique

A mon avis, les enfants doivent aider leurs parents pendant les vacances. Mais le cas de Grâce et son petit-frère viole la loi. Ces enfants à leur âge ne peuvent pas être utilisés à des fins pareilles, et à plus forte raison à la prison centrale. Ils sont vraiment exposés.

 

Je demande aux parents de toujours voir ce qui bon pour leurs enfants. Les vacances ne sont pas une occasion pour les exploiter, mais plutôt pour leur laisser aussi le temps de se divertir. Ils peuvent aider à de petites tâches ménagères,  mais pas servir pour l’exploitation économique, quand bien même ce serait pour préparer leur rentrée scolaire. Les parents devraient assumer leurs responsabilités.

 

 

Délice Wamusonia