PARTICIPATION – Je suis Nicolas, j’ai 17 ans, suis élève au Collège Notre Dame D’Afrique, dans la Commune de Lemba (Kinshasa-RDC) et je suis également Président du Comité communal des enfants de Lemba et 2ème Vice-président du Comité Provincial des enfants de Kinshasa. A ce titre, j’ai été invité à la Revue Annuelle RDC-UNICEF le 25 janvier 2017.
Ma participation pour le rattrapage de l’enregistrement des naissances
Je voudrais vous raconter ma première participation à la Revue annuelle Gouvernement Congolais – UNICEF qui s’est tenue le 25 janvier 2017, dans la salle de réunion de l’Hôtel du Gouvernement. J’ai été invité par le Ministère du Genre, Enfant et Famille pour témoigner sur l’implication des enfants dans les activités de participation en 2017.
Le matin de ce mercredi, je suis d’abord allé à l’école et en arrivant dans la salle de réunion de l’Hôtel du Gouvernement, en début d’après-midi, j’ai constaté que j’étais le seul enfant parmi des dizaines d’adultes. Ma première observation était que des adultes passaient à la tribune, les uns après les autres, pour parler de ce qu’ils avaient fait pour les enfants, dans plusieurs domaines, en 2016. J’ai tout de suite compris que c’était ça la Revue.
Lorsque Monsieur Gilbert, du Ministère du Genre, Enfant et Famille est passé pour faire sa présentation, il m’a donné la parole, pour que je fasse mon témoignage. J’ai choisi de partager avec l’assistance notre expérience dans le rattrapage à l’enregistrement des naissances et la sensibilisation sur le droit à l’identité.
Comment tout a commencé
Tout était parti de janvier 2016, lorsque 7200 enfants venant de structures et écoles des 24 communes de la ville province de Kinshasa, dont moi-même, encadrés dans les structures (écoles et O.N.G.) avions été formés sur les droits de l’enfant et sur les techniques de plaidoyer. A l’issu de cette formation, nous avons fait un constat malheureux : la majorité d’entre nous ne possédait pas d’acte de naissance.
Il fallait agir : la participation des enfants !
Après ce constat malheureux, le gouvernement a initié un projet, financé par l’UNICEF, pour rattraper tous les enfants ayant déjà dépassé le délai légal d’enregistrement gratuit à l’Etat civil (90 jours) et pour sensibiliser les membres de nos familles sur l’importance de l’acte de naissance.
Ce projet a été lancé en juin 2016 et chacun des 7200 enfants a reçu un certain nombre des documents devant servir à sensibiliser nos familles, nos voisins et nos connaissances sur l’importance du droit à l’identité et de l’acte de naissance. Pour tout ce qui concernait le rattrapage, chaque enfant a reçu deux procurations et une fiche d’identification pour sa propre famille
Grâce à une 1ère procuration, on pouvait faire déclarer nos frères et sœurs biologiques de moins de 18 ans ; et grâce à une 2ème procuration, nous avons pu faire déclarer les bébés n’ayant pas dépassé les 90 jours. Les procurations ont été transmises dans les différents tribunaux d’enfants de la ville de Kinshasa par le biais de nos encadreurs.
Une longue démarche vers le droit à l’identité : entre difficultés et fierté
Durant ce processus, nous avons été déçus par le fait que nous n’avions la possibilité de faire déclarer uniquement nos frères et sœurs biologiques de moins de 18 ans alors que dans notre entourage, il y avait beaucoup d’autres enfants qui se trouvaient dans le même cas que nous.
D’autre part, la lenteur dans la concrétisation du processus a fait depuis le mois de juin jusqu’à aujourd’hui les documents n’ont pas pu être livrés. Or, dans mon cas précis, étant en 6e des humanités, je devais effectuer, au mois de décembre 2016, une demande d’admission préalable dans une université et cette formalité exigeait la possession d’un acte de naissance. Le processus traînant, j’ai été contraint de l’obtenir par une autre voie, ce qui a coûté plus cher mais m’a pris peu de temps (moins d’une semaine).
Une autre chose, c’est le temps trop court retenu pour faire la sensibilisation auprès des familles. Après que chaque enfant ait sensibilisé sa propre famille, un seul jour, c’est vraiment insuffisant pour que chaque encadreur rencontre 30 familles différentes pour vérifier et retirer les procurations. Le temps que prend l’interaction entre l’encadreur et les parents ainsi que les distances entre les familles n’étaient pas de nature à faciliter la tournée en une journée.
Malgré une petite hésitation chez certains parents sensibilisés, ces derniers ont pris conscience et se sont décidés à déclarer leurs enfants à l’état civil. En outre, nous avons eu l’opportunité de jouir de notre droit à l’identité, de nous sentir responsables et d’exercer notre droit à la participation, participation qui implique que l’enfant doit être acteur de la promotion de ses droits. Quelle fierté !
Participation, esprit du travail et intérêt général
A la fin de la présentation de Monsieur Gilbert, quelques personnes dans l’assistance ont posé des questions en rapport avec mon témoignage. Un monsieur m’a par exemple demandé comment concilier le programme scolaire et les activités de participation.
J’ai regretté le fait que l’on ne m’avait pas donné l’occasion de lui répondre moi-même. Toutefois, Monsieur Gilbert lui répondu en partie comme je l’aurais voulu, à savoir : « les activités de participation des enfants se font pendant les vacances scolaires et pendant les heures des activités parascolaires ». J’aurai pu ajouter qu’à la différence des adultes, les enfants mènent des activités pour le bien-être des autres enfants sans attendre d’être payé et ainsi cultivent l’esprit du travail pour l’intérêt général.
Nos recommandations pour chaque enfant à travers le pays
- – La mise en œuvre des moyens proportionnés pour favoriser la rapidité dans la finalisation du processus d’obtention des actes de naissances ;
- – Impliquer un plus grand nombre d’enfants dans ce processus, en leur donnant la possibilité de déclarer non seulement leurs frères et sœurs biologiques, mais aussi les enfants qui se trouvent dans leur entourage ;
- – Augmenter le nombre des jours de sensibilisation ;
- – Faire participer plus d’enfants des programmations des activités qui touchent les enfants ainsi que lors des tenues des revues.
Ainsi la participation de l’enfant sera de plus en plus effective à Kinshasa, participation que je résume en ces mots : « Par l’enfant et pour l’enfant ».