Elève de la 4ème scientifique, Judith est Enfant-Reporter à Kinshasa. Passionnée par la défense des droits des enfants, elle a été initiée à la participation. Elle mène des plaidoyers pour améliorer la situation des enfants dans sa Province.

Troubles écoles de Kinshasa

Des élèves d’une école primaire de Kinshasa (UNICEF RDC Dubourthoumieu)

Il est 10h00 ce lundi 18 septembre 2017 lorsqu’une agitation inhabituelle gagne mon école, le Groupe Scolaire du Mont Amba, située dans la commune de Lemba, à Kinshasa. Découvrez le récit de cette journée…

Point de départ : une rumeur

Cette agitation était causée par une rumeur selon laquelle des étudiants seraient venus faire sortir les enfants des salles de classe et que des voyous de la cité profitaient de la situation pour menacer les enfants en uniforme.

Troublés par cette nouvelle, des parents se sont précipités à l’école pour récupérer leurs enfants et les ramener à la maison, considérant que l’école était devenu, du moins pour cette journée-là, un lieu dangereux pour leurs enfants.

Certains parents ont escaladé les murs et se disputaient devant les portes des classes pour retirer leurs enfants. Les autorités de l’école n’ont pas voulu libérer les enfants : cela a donné lieu à des joutes verbales entre les responsables de l’école et certains parents, lesquelles ont faillis tourner en pugilat.

Ce spectacle désolant a traumatisé les écoliers qui n’étaient au courant de rien. A la sortie des classes, intervenue plutôt que d’habitude, nous avons appris que la rumeur avait circulé dans l’ensemble de la Ville Province de Kinshasa et que les parents qui ramenaient leurs enfants à la maison étaient obligés, pour les protéger, de leur enlever les uniformes scolaires.

Ce spectacle désolant d’insécurité, surtout pour les tous petits écoliers, a connu son paroxysme lorsque les agents de l’ordre se sont invités à l’école, les uns en tenues militaires, armes à l’appui.

Quelques soient les querelles, la place de l’enfant est à l’école

Le jour suivant, soit le mardi 19 septembre 2017, de nombreux élèves n’ont pas repris le chemin de l’école. Les gens au tour de moi essaient d’expliquer les motivations des présumés auteurs : « amélioration des salaires des enseignants, préoccupations des parents qui n’ont pas les moyens pour envoyer leurs enfants à l’école, etc. ».

Face à cela, je m’interroge : quelle est la faute de tous ces enfants qui ont été traumatisé, à peine deux semaines  après la reprise des classes avec enthousiasme ? Est-ce que, en empêchant les enfants d’aller à l’école, la solution à tous les problèmes sera trouvée ? Est-ce que, parce que les enfants sont des êtres fragiles, certains adultes peuvent agir ainsi ?

Pour le moment, ce que je peux partager comme crainte est que si l’enfant n’est pas à l’école, il est exposé à tous les dangers. Les filles risquent, entre autre, des grossesses précoces à cause du manque d’occupations ; les garçons risquent de verser dans la délinquance. Etudier dans la peur d’une violence qui peut subvenir à tout moment fera certainement que les enfants seront moins concentrés sur les matières dispensées et cela va impacter leurs résultats si jamais l’année va jusqu’à son terme.

Mon plaidoyer pour que chacun respecte ses engagements

En parcourant la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CDE en sigle), je constate que ceux qui l’ont signée, avaient pris des engagements ; notamment :

  • – l’enfant a droit à une information appropriée (article 17) ;
  • – l’enfant a droit à l’éducation (article 28) ;
  • – l’enfant a droit à la protection (article 19).

Les événements malheureux qui se sont déroulés dans les écoles la semaine passée constituent une privation de ces droits.

Nous, les enfants et élèves, ne demandons qu’une chose : c’est d’aller à l’école en paix et sous une bonne protection. Cela n’est possible que si chacun respecte l’engagement pris en faveur de la scolarisation de tous les enfants, sans discrimination.

Ainsi, pour qu’il y ait un changement positif quant aux droits à l’éducation et à la protection de l’enfant, nous proposons :

  • – Que l’on renforce la protection  des écoliers qui circulent en uniformes scolaires ;
  • – Que les enfants soient suffisamment informés sur des mesures à prendre en cas de pareilles agitations ;
  • – Que la régularité des enfants à l’école soient encouragée par tous (les parents, les responsables des écoles et les autorités politico-administratives).

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