Dans le milieu où je vis, les filles deviennent mères durant l’adolescence, parce qu’elles manquent une bonne information sur leur sexualité. Je m’appelle Gabriella, j’ai 15 ans. J’étudie au lycée Mwandu et je vis à Kyanzaba, une agglomération située à plus au moins 18 kilomètre au sud de la ville de Beni.
Absence totale de dialogue sur la sexualité avec les parents
Autour de moi à Kyanzaba, la majorité des filles de mon âge sont déjà mères. Je pense que cela est essentiellement dû au manque d’éducaton sexuelle. Et cela m’inquiète.
Il est vrai que dans mon village il est rare d’entendre un parent parler de la seualité avec son enfant adolescent. On aborde les sujets en rapport avec la sexualité à l’approche du mariage. Je tiens à préciser que c’est juste la période qui précède le mariage. Pour le reste, on l’apprend à travers les amies.
Noëlla, adolescente et mère
J’ai eu la chance de m’entretenir avec une des filles-mères. Elle s’appelle Noëlla. Depuis son enfance, elle vit chez sa grand-mère qui ne lui a jamais parlé de sexualité. Pour elle, c’est un tabou. Elle a juste 15 ans, mais elle a un fils d’environ une année. Le père de de l’enfant vit à Beni et ne vient que rarement leur rendre visite à Kyanzaba. C’est donc Noëlla qui s’occupe de son fils, que ce soit pour le nourrir, l’habiller ou encore pour sa santé. C’est pourquoi elle ne va plus à l’école. Elle passe tout son temps aux champs.« J’ai arrêtée avec les études alors que j’étais en deuxième secondaire, le jour où j’ai su que j’étais enceinte », raconte-t-elle. Malheureuseument, Noëlla n’est pas la seule dans ce cas. Plusieurs autres filles ne fréquentent plus l’école pour les mêmes raisons.
Une conséquence des mauvaises fréquentations
« Je suis tombée enceinte suite aux mauvais conseils de mes copines. Elles me disaient souvent : « on ne tombe pas enceinte en ayant des rapports sexuels pour la première fois. Et je les avais crues. Mais une fois que j’ai tenté, je me suis subitement retrouvée enceinte », explique Noëlla.
Je demande donc au ministre de l’enseignement primaire secondaire et technique de mettre plus d’heures et de matériel à disposition pour aborder ces questions en cours dans les écoles. Je demande aussi aux organisations non-gouvernementales d’implanter des centres d’éducation sexuelle. Par ailleurs, je demande aux églises de prévoir des cadres d’échange et de discussion avec les jeunes autour de ces questions, pour éviter que d’autres filles de mon âge soient victimes de l’ignorance comme Noëlla.
« Une fille n’a pas à être mère par accident. »
Enfant Reporter : Gabriella