Je suis Moïse Baderha, enfant reporter de Bukavu. Je vous raconte l’histoire de Samuel, âgé de 14 ans. Il vit dans la rue depuis 5 mois et passe ses nuits sous des véhicules, au niveau du marché de Nyawera.
Une rencontre fortuite
J’étais en plein jogging quand je l’ai rencontré allongé à côté d’un véhicule non loin du marché. Il était avec un autre enfant qui était complètement endormi à coté de lui. J’ai approché Samuel et il a accepté de répondre à certaines de mes questions.
Un drame familial
Son père a répudié la mère de Samuel et a pris une autre femme. Celle-ci ne s’entendait pas avec Samuel, qui n’avait d’autre choix que de quitter la maison. Ce qui arrangeait beaucoup la nouvelle femme de son père. Et depuis, il est dans la rue et se débrouille comme d’autres enfants en situation de rue.
Quand il fait nuit, il se précipite pour aller chercher un véhicule sur le parking et s’installe en dessous. Il met des cartons comme support pour éviter le contact avec le sol.
La survie au quotidien, dans des conditions difficiles
La vie qu’il mène dans la rue est une vie très difficile. Des fois, il fait des jours sans manger ni boire. Depuis son arrivée dans la rue, il a déjà fait connaissance de deux autres enfants avec qui il traine pendant la journée. La nuit, chacun se débrouille pour trouver un endroit où dormir. Certains passent la nuit sous les étalages du marché mais la sentinelle n’accepte pas souvent.
Pendant la saison de pluie, il souffre énormément parce que le trottoir est mouillé et par peur d’être emporté par les eaux, il passe la nuit débout devant les boutiques qui sont à côté du marché. Cette situation est générale pour tous les enfants vivant dans la rue à Bukavu.
Dans la rue, à la merci des adultes
Avant qu’il découvre cet endroit, il dormait avec d’autres enfants dans les vieux bateaux abandonnés au niveau du port. Mais les adultes en situation de rue disent que c’est leur maison. Et pour y passer la nuit, il faut payer quelque chose ou faire quelques travaux pour eux. Samuel , vu son âge, n’était pas capable de répondre aux critères pour continuer à vivre dans ces bateaux. Cela l’a conduit à passer la nuit sous les véhicules à Nyawera.
Il devrait y avoir des sites d’hébergement pour enfants en situation de rue. C’est un grand défi à relever. Ces enfants passent la nuit dehors, sans moustiquaire ni lit confortable. J’en appelle donc aux autorités urbaines, provinciales et nationales pour qu’une chance soit accordée à ces enfants, et qu’ils vivent dans des conditions humaines.