Abigaël, 22ans, est une ancienne Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Elle est aujourd'hui étudiante en droit et continue de s'impliquer pour les droits des enfants en encadrant à son tour les Enfants Reporters.

Le 25 avril dernier, je suis dans une école dans la commune de Lemba pour échanger avec des enfants qui viennent d’être formés grâce à l’appui de l’UNICEF sur les droits de l’enfant, sur les questions de l’environnement et sur la production des billets pour le blog Pona Bana.

 

Après leur formation, ces élèves doivent, à leur tour, discuter avec leurs collègues et leur transmettre ce qu’ils ont appris. En gros, c’est une séance de restitution. Un détail me frappe dans cette école. Je ne vois pas des poubelles en vue.

Souvent, les écoles qui ont des poubelles les mettent à l’entrée ou dans la cour de récréation. À ma grande surprise, tout autour de moi, je ne vois aucune trace de poubelle.

 

Où sont les poubelles ?

 

Alors, pour être sûre de mon constat, je demande à quelques élèves, chacun son tour, de me montrer où sont les poubelles. La réponse est la même. On m’explique qu’il n’y a qu’une seule poubelle pour toute l’école.

« Elle se trouve dans un bureau assez éloigné de la cour de l’école », me dit une fille de 4ème primaire.

Du coup, les élèves ont du mal à parcourir cette longue distance et jettent leurs déchets un peu partout. Je comprends pourquoi j’ai trouvé l’école sale en entrant.

Après avoir lu mon étonnement, on m’annonce qu’il y a quand-même des coins où l’on peut jeter ce qu’on veut.

« C’est soit ici, à côté, soit derrière. Viens, je te montre », me dit un autre enfant. Je le suis pour voir de mes propres yeux.

Quand on arrive, je me rends compte que l’espace destiné à recevoir des détritus est en fait, une partie du parking de l’école.

La terre y forme un creux. Comme si on y brûlait souvent des choses. Autour, il y a un peu d’herbe. On m’explique que c’est là que je dois jeter ma bouteille en plastique. J’ai du mal à le faire. Mais cette bouteille n’est pas vraiment mienne. Je ne peux donc pas la garder.

 

Le changement? C’est pour bientôt 

 

Dans ma tête, je me dis que cette situation est anormale. « Nous sommes quand même dans une école ! », crie mon cerveau.

L’autre chose est qu’on parle à ces enfants d’adopter des petits gestes pour mieux gérer les déchets et garder leur environnement propre. Alors, comment peut-on leur parler de préserver l’environnement si les personnes sensées le leur apprendre leur donne un mauvais exemple ? On ne leur facilite pas la tâche pour contribuer à développer des bons réflexes.

On parle des droits de l’enfant ? Et bien, je pense que ces élèves ont droit à un environnement sain. Et dans cet environnement, ils ont besoin d’avoir à leur portée des poubelles. J’espère qu’après ces restitutions, les responsables de cette école seront sensibles à cette question. Bien plus, j’espère aussi que ces élèves vont aussi demander à avoir des poubelles pour mieux contribuer à garder leur école propre.

Avant, les élèves trouvaient normal de ne pas avoir de poubelles. Après la formation, est-ce cela va changer ? Je l’espère vraiment.