Trois enfants de mon quartier sont battus tous les jours. Tout le quartier est au courant et leur belle-mère ne se cache pas pour les maltraiter. Et moi, j’ai mal pour eux, mais je ne peux rien faire à part écrire ce texte pour dénoncer la situation. Je m’appelle Vainqueur, j’ai 11 ans et je suis Enfant Reporter de la ville de Kinshasa.

Il y a quelques années, la maman de ces enfants est morte. Après son décès, leur papa décide de se remarier. Malheureusement, la belle-mère ne les aime pas donc elle les maltraite. Les enfants sont battus pour rien, humiliés à tort et à travers, et parfois privés de nourriture.

 

« Ils doivent souffrir pour comprendre la vie »

En allant à l’école ce matin, j’assiste à une énième dispute des voisins. C’est à cause des enfants. Comme toujours. Ils parlent de donner de l’argent aux enfants pour leur transport et un casse-croûte pour l’école. La belle-mère pense que ce n’est pas nécessaire de donner de l’argent aux enfants parceque l’homme se forme par la peine et que les enfants doivent souffrir pour savoir que la vie n’est pas facile. Le papa n’est pas du même avis. Il pense que ce n’est pas normal que ses enfants marchent pour aller à l’école et reviennent sans manger à la récréation faute d’argent alors qu’il en a suffisamment pour prendre soin de ses enfants. Il est très calme, mais la maman crie.

Mon voisin essaie de convaincre sa femme de donner ne serait ce que l’argent pour le transport des enfants, mais elle est ferme. Les enfants ne recevront pas un franc. « J’ai dit non. Et tu me contredis devant les enfants ? Waouh ! Donc ça ne te gène pas de bafouer mon autorité devant tes enfants ? Ok », lance la dame pour répondre à une énième approche de son mari. Les enfants regardent. D’autres passants et moi regardons aussi.

Après plusieurs échanges, le père regarde ses enfants quelques minutes. Il a les larmes aux yeux. Les enfants qui connaissent déjà la fin de l’histoire le regardent les larmes aux yeux aussi. « Ce n’est pas grave. Partez », finit par dire le papa. Les enfants se retournent immédiatement. Ils ont les larmes aux yeux. Je marche juste derrière eux.

 

Encadreuse : Abigaël Mwabe