Je m’appelle Prodige Tsamani, je suis un enfant reporter du Sud-Kivu en RDC. Je suis arrivé à Goma le 2 Juillet de cette année pour mes vacances de fin d’année scolaire. Tout était calme, le jour de mon arrivée. J’ai même eu le temps de me balader dans différents coins de la ville avec certains de mes cousins.
Le plaisir de me trouver à Goma
Je commençais déjà à m’habituer à la ville, parce que mes cousins me la faisaient découvrir petit à petit.
Le soir devant la télé, un journaliste annonce qu’il y aura une manifestation de la société civile pour demander le départ de la Monusco. Je commençais déjà à m’inquiéter parce qu’on avait prévu d’aller visiter l’aéroport très tôt matin, pour voir les avions décoller et atterrir.
Les signes avant-coureurs
J’ai eu du mal à fermer l’œil toute cette nuit-là, parce que je voyais déjà un programme tellement important pour mes vacances, gâché. Tôt le matin, certaines radios déconseillaient les mouvements de popoulations, alors que des informations sur une ville morte décrétée par la société civile étaient diffusées.
Quitter Goma au plus vite
Vers 8 heures, mon père m’appelle et me demande de rentrer à la maison le plus tôt possible. Depuis notre balcon, nous entendions déjà des crépitements de balles et des explosions de grenades lacrymogènes. La population des environs s’agitait de plus en plus, et plusieurs jeunes garçons accouraient vers les locaux de la Monusco pour manifester. C’est là que la panique s’est emparée de toute la ville. Depuis notre balcon, on pouvait apercevoir des jeunes en train de barricader la route avec de grosses pierres, et d’autres en train de se diriger vers la base de la Monusco.
Pillages et affrontements
Après quelques heures, plusieurs jeunes sont revenus avec du matériel de la Monusco. Certains les transportaient sur des motos et d’autres sur la tête. Mon cousin qui habite non loin de la base de la Monusco appelle alors ma tante au téléphone et lui annonce que les manifestants viennent de s’introduire dans l’enceinte de la Monusco. Ils sont en train de tout piller. C’est à ce moment que j’ai carrément perdu tout espoir, et j’ai demandé à ma tante de rentrer le soir-même à Bukavu, parce que je commençais à avoir peur. Heureusement, mon père a aussi demandé que je rentre. Mais au fond de moi, je regrettais de voir que mes vacances venaient d’être gâchées par cette situation.
Bloqué à Goma
Le soir vers 17 heures, la situation était encore un peu dangereuse. Mais il fallait quand même que je rentre, parce que mon père insistait, et moi j’avais la peur de ma vie. Ma tante décide de m’amener au port avec un cousin. A un certain moment, toutes les voies étaient bloquées par des manifestants qui affrontaient les forces de l’ordre avec des jets de pierre. Ma tante a décidé de faire demi-tour et rentrer à la maison. Elle a annulé mon voyage de ce soir-là et m’a promis de rentrer le lendemain par le premier bateau. C’est ainsi que j’ai pris le bateau le jour suivant, très tôt le matin, et je suis rentré chez moi sans pour autant atteindre même un quart de mon plan de vacances à Goma.
Vacances gâchées
Cette situation m’a tellement choqué que ça me rend nerveux chaque fois que j’y pense.
C’est pourquoi je recommande à notre gouvernement de tout mettre en place pour garantir à la population congolaise une paix durable, et de s’unir avec la société pour trouver des solutions durables à tous les problèmes qui concernent la population.
Mais aussi aux enfants de la ville de Goma, de rester confiant qu’un jour, ils seront dans une situation sécuritaire stable et favorable.