En 7 jours, la ville de Goma a été secouée par la mort de deux jeunes. On fait quoi, nous, les jeunes ? On est censé se dire quoi ? Que notre vie ne vaut vraiment rien ? Qu’on peut être tué à tout moment dans notre ville ?
Je m’appelle Jospin Benekire, je suis jeune reporter à Goma. C’est difficile pour moi de ne pas me mettre à la place des familles qui ont perdu leurs enfants ces derniers jours à Goma. Tenez par exemple, un fils vient de défendre son travail de fin d’études et le lendemain, il est abattu dans les rues de la ville qui l’a vu naître.
Un autre jeune qui vivait sa passion dans la musique urbaine a été tué. Quelle peine ! Nous avons vécu cela à Goma. Deux jeunes ont été tués et c’est pénible. En faite, c’est troublant.
Nous avions tous cette peine et nous voulions passer ce moment de deuil dans un lieu public
Nous étions vêtus de noir et chacun avait une bougie à la main pour honorer la mémoire de nos amis arrachés brutalement de notre affection. C’est dans un état d’esprit de deuil qu’arrivé au lieu du deuil nous avons été chassés par la police avec des bombes à gaz lacrymogène.
Le but n’était pas de nuire à l’ordre public
Honorer les personnes disparues, sans crier, sans troubler l’ordre public. Je me demande si un deuil public est une agression. Je me demande pourquoi d’autres personnes qui ont organisé un deuil en public n’ont pas été chassées ou agressées par la police. Je me demande aussi pourquoi la police se lève quand c’est seulement une activité des jeunes, mais pour nous protéger ils ne font presque rien ?
Je me demande encore pourquoi ils ne prennent pas leurs responsabilités parce que s’ils devaient être là ces personnes ne pouvaient pas mourir et nous n’allions pas faire un deuil public ?
Je me demande s’ils doivent nous agresser nous parce que nous pleurons nos frères ou le mieux à faire pour eux c’est de poursuivre les autres de ces crimes ? Je me demande encore une fois, et si c’était leur fils qui avait été tué ? allaient-ils rester bras croisés sans rien faire ?
Mais leurs agressions nous ont servi de motivation
Nous avons tenu le deuil à la maison de jeunes ; nous avons prouvé que la mort n’arrête pas l’amour. Nous en avons marre de voir des gens tués dans votre ville. Nous vivons dans l’insécurité et c’est connu. Mais qui fait quoi pour arrêter cela ?
Les auteurs de crimes ne sont pas poursuivis, aucune enquête n’est ouverte malheureusement pendant que nous sommes en plein état de siège. Nous ne cesserons pas de dénoncer jusqu’au jour où la paix sera établie.
Que les âmes de nos frères reposent en paix.