Jean Didier Dombe, est enfant reporter dans la ville de Kinshasa.

Quand on arrive dans mon école, la différence est très frappante entre les salles de classe et les toilettes. D’un côté on voit des belles latrines, bien construites et neuves. De l’autre, on voit des salles de classe en tôles métalliques rouillées. C’est vraiment la première chose qu’on remarque.   

Je m’appelle Jean-Didier Dombe et j’étudie à l’école primaire Ngandayala, dans la commune de la N’sele à Kinshasa. Mon école est déclarée officiellement, depuis le mois d’avril dernier, école assainie. On a fait des travaux qui ont duré plusieurs mois. 

Alors, une école devient assainie lorsqu’elle est choisie pour participer au projet école assainie et valide chacune des étapes prévues dans le projet.  C’est un projet du gouvernement congolais appuyé par l’Unicef en RDC, avec le financement de la coopération bruxelloise. Le programme vise à donner aux élèves l’accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement. 

 

Des toilettes plus propres que les classes

 

C’est dans ce cadre que mon école a été dotée des latrines modernes, d’un forage alimenté par un panneau solaire et d’un point d’eau aménagé. C’est également dans ce cadre que j’ai été formé comme enfant reporter pour défendre les droits de l’enfant.  

Classe dans une école assainie

Une classe en tôle rouillée dans une école assainie (@ponabana)

En faisant ces dotations, ce projet n’a trouvé des solutions qu’à une partie du problème dans mon école. Une autre partie du problème est que nous étudions dans de très mauvaises conditions. Nos salles de classe sont en tôles métalliques rouillées. C’est une situation très difficile pour les élèves. Il arrive des fois que les enfants rentrent à la maison avec des cahiers mouillés par la sueur à cause de la chaleur. Et lorsqu’il pleut, les enseignants sont obligés de renvoyer les enfants à la maison parce que les salles sont inondées. 

 

Plus agréable d’être dans les toilettes qu’en classe

On arrive donc à une situation assez bizarre. On a des toilettes bien construites et plus propres que les salles de classe. Je dirais même qu’il est plus agréable d’être dans les toilettes que dans la salle de classe. Mais à quoi ça sert d’avoir des bonnes latrines à l’école si on ne peut même pas étudier ? À quoi ça sert d’avoir de l’eau potable à l’école si les élèves sont renvoyés à la maison par les enseignants dès que le ciel devient sombre ? 

 

Il est vrai que je suis très content parce que notre école a des latrines modernes et hygiéniques. Je remercie la région Bruxelles capitale pour ce financement. Mais, je pense que l’on devait appuyer mon école de manière complète. Dans la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) il y a un principe. C’est celui de l’indivisibilité. Ce principe voudrait que les enfants jouissent de tous les droits qui leur sont reconnus. On ne peut pas vous garantir le droit d’accès à l’assainissement et vous priver celui à une éducation de qualité.  

Décalage entre classes et les latrines

Des latrines propres dans une école avec des salles de classe en tôle rouillée (@ponabana)

Doter les écoles des toilettes ne suffit pas

Le jour où l’on a officiellement déclaré mon école assainie, je voyais dans le visage des invités qu’ils étaient gênés de voir cette différence.  Certains photographes s’efforçaient de ne pas prendre les salles de classe sur les images. 

Je pense que le projet école assainie est une bonne chose et qu’il devrait s’étendre dans toutes les écoles de la RDC. Toutefois, on doit faire plus pour  doter des nouvelles salles mon école et les écoles qui sont dans la même situation que la mienne. Je demande ainsi au ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique de mobiliser les ressources pour construire des infrastructures qui vont nous permettre d’étudier dans les meilleures conditions.   

Je demande aussi à la région Bruxelles de continuer de financer le projet école assainie qui sauve la vie des enfants.

Encadreur: Carmel Ndomba