Le samedi 5 août 2017, près de 6 000 personnes étaient réunies devant la cathédrale Saint Clément de Kananga, capitale de la Province du Kasaï-Central. Tous étaient venus écouter le message de paix lancé par les enfants du Kasaï.
Un conflit dévastateur sur une terre de paix
Gouverneur, députés, membres du Gouvernement, responsables des confessions religieuses, mouvements des femmes étaient réunis aux côtés de la population pour assister à la cérémonie de lancement de la campagne « Je ne suis qu’un enfant ».
Nous, Enfants Reporters de la Province du Kasaï Central, avons voulu parler du manque de la paix qui a commencé depuis un certain temps dans notre Province et qui a bouleversé la vie des enfants que nous sommes.
C’est depuis août 2016 que les conflits ont débuté et que la crise humanitaire s’est implantée dans notre Province. Pourtant, durant plusieurs décennies, le Kasaï a été un milieu de paix. Ces violences ont entraîné la mort, la destruction des maisons, la perte de biens mais aussi des déplacements des populations.
« Une barrière pour notre avenir »
Parlons plus particulièrement des enfants qui, suite au conflit, ne jouissaient pas pleinement de leurs droits.
De nombreux enfants ne fréquentaient plus l’école. 404 écoles ont été attaquées, pillées ou détruites dans le Grand Kasaï dont 267 uniquement au Kasaï Central. D’autres enfants ne bénéficient pas d’une nourriture saine et équilibrée, ni de soins de santé puisque 216 structures de santé ont été attaquées, dont 102 uniquement dans notre Province.
Toutes ces violations de nos droits vont à l’encontre de la Convention relative aux droits de l’Enfant et constituent une barrière pour notre avenir !
« J’ai juste un rappel à vous faire »
Nous ne sommes que des enfants et notre présence sur terre est le fruit de votre volonté. Nous ne sommes que des enfants et nous méritons toute votre attention.
N’oubliez pas que nous sommes que des enfants issus de vous. Nous ne sommes que des enfants alors ne nous privez pas de nos droits.
Ce que nous vous demandons est simple, mais nécessaire :
- – Donnez-nous du lait maternel et une alimentation équilibrée au lieu du « Tshizaba » (Potion magique),
- – Donnez-nous des crayons et des jouets au lieu des armes,
- – Protégez nos droits au lieu de nous exposer sur champs de bataille,
- – Prenez soin de nous et évitez-nous les appellations du genre enfants non accompagnés car c’est vous qui êtes sensé accompagner chacun de nos pas,
- – Faites-nous vacciner et protégez-nous des piqûres des moustiques au lieu de nous faire subir des escarrifications magiques,
- – Exposez-nous à une bonne information au lieu de nous exposer à la guerre.
Nous, enfants du Kasaï, disons non à toute forme de violence et demandons à nos autorités et parents de penser à notre avenir.
Retenez bien cette phrase : Nous ne sommes que des enfants, et nous méritons tout de vous.
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La campagne « Je ne suis qu’un enfant »
En août 2016, des combats ont éclaté Kasaï et la situation s’est détériorée en 2017, déclenchant une vague de violences qui touche maintenant neuf des 26 provinces du pays. La crise a un effet dévastateur sur les enfants.
Ils sont blessés ou tués, ils sont victimes de violences sexuelles et de détentions arbitraires et sont recrutés au sein des milices. Suite aux violences, les enfants ne peuvent plus accéder aux services de santé et des milliers d’entre eux sont privés d’éducation. Les écoles sont détruites, pillées et privées de leurs enseignants qui ont fui ou ont été tués.
L’UNICEF RDC a annoncé le samedi 5 août 2017 le lancement de la campagne « Je ne suis qu’un enfant ». Cette campagne a pour objectif est de mobiliser les décideurs, les parents et les acteurs de la société civile pour que tous s’impliquent dans la recherche de la paix et la protection des enfants.