Je m’appelle Dimir Tshibola, j’ai 13 ans et je veux vous raconter l’histoire d’Exaucé que j’ai recontré dans la rue.
Exaucé, 11 ans, lave des motos près de mon quartier. A chaque fois que je passais par là, je me demandais comment fait cet enfant pour manger, dormir et s’habiller. Mais je n’avais pas le courage de lui parler car je ne savais pas comment il allait réagir. Donc je le regardais de loin…
Un jour, je décide de lui parler et lui poser quelques questions. Je me rends compte qu’Exaucé n’a pas de parent. Il vit seul et doit se débrouiller pour manger. Il ne me parle pas longtemps de cette partie de sa vie. Pour lui, tout ce qui compte, c’est le travail. C’est ce qui lui permet de survivre :
« Je travaille pour 1.000 francs. C’est ce que je gagne à chaque lavage. C’est comme ça que je finis par acheter à manger », m’explique Exaucé.
Il lui faut laver 10 motos pour manger. « J’essaye de laver au moins 10 motos par jour ce qui me fait 10.000 francs pour manger. Il arrive que je lave plus de 10 motos en une seule journée, je peux alors économiser un peu », poursuit Exaucé frotteur à la main.
Même s’il me parle, il continue de nettoyer une moto. Le propriétaire attend à côté. Lorsqu’on lave une moto, le temps est compté.
Je dis non travail des enfants
En fait, Exaucé n’est pas un enfant comme les autres. Il est très consciencieux pour son âge. En lui parlant, je crois entendre un adulte. Il réfléchit bien différemment des enfants de son âge. On dirait qu’il ne vit pas son enfance. Ça me fait de la peine. Je pense que chaque enfant doit vivre pleinement son enfance pour être un adulte épanoui et équilibré. Je me sépare d’Exaucé le cœur serré.
Sur la route, je me demande jusque quand les enfants vont payer pour des choix qu’ils n’ont pas fait ? Combien de temps encore, on parlera des enfants dits « de la rue » et qu’est-ce qu’il faut pour que les autorités prennent enfin les mesures pour protéger ces enfants ? Je vous les pose aussi. Ensemble, nous trouverons peut-être la solution.
Encadreuse : Diane Mvunda
Pona Bana, qui signifie « pour les enfants » en lingala, est le blog des jeunes en République Démocratique du Congo. Lieu d’échange et d’information, Pona Bana est également un instrument pour encourager la participation des enfants.
