Ancien Enfant Reporter, Jospin Benekire est aujourd'hui Volontaire des Nations Unies de l'UNICEF à Goma et encadreur des Enfants Reporter. Il est passionné par la photographie et la vidéo.

Tôt ce matin, mes petits frères sont partis à l’école comme d’habitude. Sauf qu’en regardant sur les statuts WhatsApp de mes contacts, j’ai constaté que les routes de la ville étaient pleines de pierres. Nous habitons Goma dans la province du Nord-Kivu et aujourd’hui, des manifestations pacifiques sont signalées un peu partout dans la ville. J’ai paniqué! Je suis Jospin Benekire, jeune reporter à Goma. Et ici, nous avons une relation particulière avec l’insécurité. Je vous explique

 

 

Depuis vendredi dernier, un message dont je ne connais pas la source circulait sur les réseaux sociaux en disant que ce lundi à Goma il n’y aura aucune activité. La ville sera morte. Ces messages ont circulé dans beaucoup de groupes Whatsapp. Le fait qu’il n’y avait aucune source précise, je n’avais pas pris ce message au sérieux.

 

Mais ce lundi, je remarque que la situation est vraiment tendue dans ma ville

 

 

 

 

Quand j’ai pensé à mes frères qui étaient déjà partis à l’école, sans réfléchir, j’ai pris une moto pour aller les chercher. Je me suis inquiété pour eux, pour leur sécurité. C’est moi l’ainée de ma fratrie. Sur la moto, nous avons traversé plusieurs quartiers de la ville. Sur les grandes artères, aucun trafic.

Quand j’arrive à l’école, ils sont déjà sortis. J’ai encore paniqué. Je ne sais pas comment retrouver mes petits frères. J’ai décidé de rentrer attendre à la maison et ils étaient là, une demi-heure après.

 

Les routes étaient bloquées. Pour leur sécurité, ils ont pris des routes secondaires afin d’éviter les zones sous tension

 

Goma manifestation

Lors des manifestations, les enfants exposés à Goma (@Ponabana), decembre 2021

Pourquoi demander aux enfants de rentrer chez eux, alors que ça tire ? 

 

 

Lorsque j’arrive à l’école de mes frères, j’entends des tirs à balles réelles dans la ville. Et c’est dans ce crépitement de balles que les responsables de l’école ont demandé aux enfants de rentrer chez eux. C’est vraiment les exposer.

Mais aussi, c’est dans ce genre de manifestation que souvent les enfants sont utilisés par certains groupes de personnes mal intentionnées. D’autres enfants, sous la panique, s’égarent et ne savent plus rentrer chez eux.

Chez nous à la maison nous avons pris la décision qu’aucun enfant ne sortira jusqu’au jour où la situation sera calme. D’autres parents devraient aussi faire la même chose.