Brigitte Musune est enfant reporter de Kipushi, dans la province du Haut-Katanga.

Je suis Brigitte Musune, enfant reporter de Kipushi. Voilà bientôt deux semaines, et la rentrée scolaire 2022-2023 n’est toujours pas effective dans les écoles Gécamines à Kipushi. Les enseignants vacataires sont en grève.

 

C’est devenu la chanson de chaque année à Kipushi. Pourtant, à la Gécamines, les parents ont payé en avance deux mois de frais de scolarité de leurs enfants. Ce sont maintenant les enfants qui en paient le prix. Je n’en reviens pas.

 

 

Pourquoi les enseignants sont en grève à la Gécamines ?

 

La Gécamines a deux catégories d’enseignants : les engagés et les vacataires. Les vacataires ont presque 4 mois d’arriérés depuis juin dernier. Ils ont décidé d’arrêter les enseignements. « Comment je peux enseigner les enfants des autres, alors que les miens sont à la maison ? Comment je peux enseigner sans toutefois manger ? Je risque de tomber devant les enfants et ça sera une honte. » a déclaré Madame Muka, enseignante à l’institut technique professionnel Tutumike de Kipushi. Dans son école, un seul enseignant sur 23 est engagé par la Gécamines. Les 22 autres sont vacataires et sont payés par Kwetu Business en sous-traitance.

 

 

Ils sont à l’école sans rien faire

 

Elèves et enseignants se rendent chaque jour à l’école mais pour ne rien faire. « Chaque jour depuis le 05, nous venons à l’école mais nous ne faisons rien. Nous sommes en classe les 3 premières heures de cours. Nous n’étudions pas. Et après, nous rentrons chez nous. » a déclaré Arielle, une élève finaliste désespérée de l’institut Mungoti.

 

Pour Hugues de l’ITP Tutumike, c’est le non-respect du calendrier qui inquiète, surtout qu’il est en 6ème. « Dans d’autres écoles, on accélère déjà avec les enseignements en 6ème. Chez nous, nous avons déjà 2 semaines de retard. Or il faut terminer le programme. Le calendrier scolaire ne sera pas modifié, et je suis très inquiet. » a-t-il dit.

 

 

A quoi se livrent les élèves des écoles Gécamines pendant cette période de grève ?

 

J’ai été très choquée de constater que les élèves de Tutumike n’étudient pas depuis déjà deux semaines. Comment un seul enseignant engagé peut s’occuper de tous les élèves de cette école ? Les élèves arrivent à l’école et se livrent à des jeux de loisir : football, course. D’autres déambulent çà et là, sans tenir compte des risques d’accident de circulation. Après quelques heures, ils n’ont pas d’autre choix que de rentrer chez eux.

 

Elèves en train de jouer à Kipushi

Les élèves sans occupation, s’adonnent à des jeux (@Ponabana)

 

Quelles sont les mesures prises par les autorités de la Gécamines pour lever la grève ?

 

Une réunion a été initiée par la Gécamines à Lubumbashi lundi 12 septembre dernier. Elle regroupait les représentants des enseignants vacataires. Mme Muka y a participé pour le compte des enseignants de Kipushi. Elle m’a laissé entendre qu’il faut que Kwetu Business est dans l’obligation de s’acquitter de ses obligations fiscales non payées depuis un an, avant de verser les salaires aux enseignants vacataires. Elle reste convaincue que la situation sera résolue bientôt.

 

 

Mon plaidoyer

 

La Gécamines doit engager les enseignants, plutôt que de les mettre en sous-traitance. Ça fait 4 fois que ces enseignants changent d’employeurs, sans amélioration de la situation.

Les autorités de la Gécamines et celles de Kwetu Business doivent s’entendre et accélérer le paiement des enseignants vacataires, pour que les cours reprennent. Dans leur dispute, c’est l’éducation des enfants qui est compromise.

 

 

 

 

Encadreur : Christian Katondo