Noella, 18 ans, est jeune Reporter à Bukavu au Sud-Kivu.

Les violences faites aux femmes , on en parle depuis toujours. Mais il n’y a pas une très grande avancée. Je suis Noella Kasera, jeune fille de la ville de Bukavu, future épouse de quelqu’un et future mère de famille.

 

Mais comment est-ce que j’aurai envie de fonder un foyer quand je vois les violences dont certaines femmes sont victimes au sein de leurs ménages ? J’ai fort heureusement la chance de grandir dans une maison stable où règne le respect mutuel et l’égalité des genres. Ce n’est malheureusement pas le cas de notre société.

Dans ma langue maternelle, le « mashi » on a toujours dit « O’muzire mwinja anafire o’ku bana bage » qui se traduit par : « une bonne mère accepte de nombreux sacrifices pour ses enfants ». Ce qui veut dire que la femme prend soin de foyer et couvre son mari au prix de multiples sacrifices. Mais cela a une interprétation plus large qui implique que la femme doit supporter tout, à tout prix. Sous-entendu les violences conjugales aussi.

 

Les conséquences de la violence basée sur le genre

La violence basée sur le genre peut avoir des conséquences sur la santé, du point de vue mental et physique. Elle peut avoir des conséquences fatales comme les féminicides, les violences sur les enfants de manière collatérale, ou encore des troubles psychiques. Suite aux traumatismes subis il y a de fortes probabilités que certains reproduisent le modèle et deviennent aussi brutaux que leurs papas. Et cela perpétuera ces violences basées sur le genre .

Récemment, une femme a été tuée par son mari violent. Elle était enceinte de 4 mois. Elle a reçu des coups qui l’ont conduit à la mort, laissant derrière elle des orphelins. Et je me suis posé des questions : pourquoi courtiser une femme , lui faire de belles promesses, lui jurer fidélité, jurer de la protéger envers et contre tout, pour ensuite devenir le danger qui la menace tous les jours ?

Un slogan dit « éduquez vos fils ». Cela implique d’éduquer un homme qui n’agressera pas les femmes, qui ne fera pas de plaisanteries déplacées, qui n’aura pas de gestes déplacés, qui ne se moquera pas des victimes… Bref, qui ne traitera pas les femmes comme des êtres inférieurs ou des objets.

 

Mon plaidoyer contre les violences basées sur le genre

En tant que non seulement jeune reporter , mais surtout en tant que jeune fille , future épouse et mère je recommande :

1. Aux parents

  • De laisser leurs garçons parler facilement de ce qu’ils ressentent.

C’est là une pratique  de notre culture, où les parents voient d’un mauvais œil l’expression des émotions chez leurs garçons. Lorsqu’ils pleurent, nous leur disons de s’endurcir ou de cesser de se comporter en filles. Les garçons devraient être stoïques et physiques, les filles, faibles et émotives. Ces représentations stéréotypées véhiculent un message selon lequel le pouvoir et la compétence sont dévolus aux hommes et non aux femmes.

  • D’ériger le respect en norme immuable. Faire en sorte que le respect, l’écoute et l’équité soient la norme pour tous les membres de la famille. Cela inclut aussi le respect  des parents envers leurs enfants.

2. Aux filles et femmes

  • De ne pas tolérer le premier coup reçu et de prendre ses dispositions pour se sécuriser. Le premier coup reçu ouvre en effet la porte à toute une série de coups qui vont aller en s’empirant. les choses ne s’amélioreront pas.
  • Aucun bouquet de roses n’excuse les humiliations, les coups, les blessures.
  • Aucune excuse n’est valable. Rien ne justifie la violence .
  • Dénoncez les violences et leurs auteurs. Rien ne peut les justifier, sous aucun prétexte.

3. A nos autorités et à notre justice

  • Punir sévèrement les coupables et offrir une protection juste aux victimes.

Chères autorités, ce sont nos mères, nos sœurs, nos amies , nos collègues, nos voisines , qui sont victimes alors aidons-les.