Rachel Bipendu est enfant reporter à Kinshasa.

 

Le matin, je me lève et commence à me préparer. Je dois aller à l’école. Nous sommes en septembre et c’est la rentrée de classe. Comme toujours, notre maison est entourée d’eau. En fait, dans ma commune, à Ndjili, il y a toujours de l’eau un peu partout.

 

Peu importe la saison. Et malheureusement, lorsqu’il a plu toute la nuit, il est impossible de sortir. Mais il faut sortir pour aller à l’école. Allez ! Comme Jésus, je marche sur l’eau. Sauf que moi, je mouille mes baskets. En septembre, à la rentrée de classe, c’est aussi le retour de la saison de pluie.

Je m’appelle Rachel Bipendu Mulumba. Je suis élève à l’EP2 Kinzuana et enfant reporter de la ville de Kinshasa. J’habite dans la commune de Ndjili.

En fait, cette scène est celle que je vis les matins en allant à l’école, après la pluie. C’est déjà la rentrée et les scènes de la pluie commencent à me revenir.

Dans mon quartier, les routes sont toujours inondées, peu importe la saison. Et quand il pleut, c’est la catastrophe. L’eau entre et stagne dans les maisons. À certains endroits, il y a des éboulements de terre.

« D’ailleurs, la plupart des maisons de ce quartier ont été emportées par des glissements de terrain », nous a dit une voisine. C’est inquiétant.
Je me demande si un jour, notre maison ne sera pas emportée par la pluie. C’est aussi pour cela que je crains le retour de la saison de pluie.

Il n’y a pas d’eau ni d’électricité

Chez nous, l’eau est un luxe. On ne la voit pas souvent sortir d’un robinet. Et le courant ? C’est autre chose. Au point où tout le quartier crie lorsqu’il est rétabli. Le seul moment où on est heureux sans courant, c’est quand il pleut. Au moins, on est sûr qu’il n’y aura pas de dégâts liés au courant.

En fait, cette rentrée scolaire m’inquiète beaucoup. Je me demande comment faire pour que les problèmes de mon quartier ne m’empêchent pas d’aller à l’école? Pour aller à l’école, il faut sortir. Mais avant, on nettoie et on repasse les uniformes pour être propre. Et le soir, il faut revoir ses notes. Sans courant, comment étudier le soir?

 

Je veux que les choses changent

 

Ce que je veux, c’est que les choses changent. Je veux pouvoir sortir de la maison et marcher dans un environnement propre pour aller à l’école. Que des enfants ne soient plus obligés de dormir à la belle étoile parce qu’ils n’ont plus de maison. Et je veux pouvoir dormir tranquillement et me lever le matin sans avoir peur de ne pas trouver de courant. En fait, je crois que c’est mon droit d’avoir tout cela. Et c’est le devoir des autorités de les respecter. Il faut changer les choses.

 

 

Encadreuse : Benicia Kelly