« Okoma n’a ye ? », me lance une élève lorsque je passe avec mon ami. Cette question voudrait dire « tu es maintenant avec lui » ? C’est tiré de l’une des chansons du groupe MPR « Semeki ».
En fait, la fille sous-entend que cet ami et moi « sortons ensemble » et qu’on est en couple. Elle n’est pas la seule à me poser des questions. Lorsque je suis avec mon ami, il y a ceux qui me demandent pourquoi est-ce que je suis avec cet ami. D’autres veulent savoir ce qu’on fait ensemble. En fait, je comprends que dans mon école, on n’accepte pas l’amitié fille et garçon.
D’après les idées reçues, la seule relation qui puisse exister entre un garçon et une fille c’est l’amour. Et pas celui d’une simple amitié, désintéressée.
On s’adresse à peine la parole
À l’EP 1 Ngaba, c’est à peine que les filles adressent la parole aux garçons. L’amitié fille-garçon est vue d’un mauvais œil par les élèves et parfois par certains professeurs.
Seulement, pendant le nettoyage des classes, les filles et les garçons peuvent se parler librement. Si non, en temps normal, quand un garçon parle avec une fille, on pense directement qu’ils sortent ensemble.
C’est parfois d’autres élèves qui répandent la nouvelle du nouvel « amour » naissant entre les élèves. Et certains enseignants en font un sujet de moquerie. Pendant les heures de cours, ils font des blagues de mauvais goût pour embarrasser les élèves concernés.
A cause de cela, il est très difficile de voir une fille et un garçon discuter ensemble. De fois, on évite même de se saluer pour ne pas être accusé de sortir ensemble. Du coup, dans mon école, ce n’est pas étonnant de voir deux élèves d’une classe qui ne se sont jamais adressés la parole. C’est même normal que les filles et les garçons ne puissent pas se parler.
Il est temps que les choses changent
Je trouve anormal que dans une école mixte, filles et garçons ne puissent pas s’adresser alors qu’ils sont parfois dans la même classe.
Je comprends qu’en voulant éviter le plus de dérapage possible, l’école a choisi de toujours mettre en lumière le risque que des élèves puissent sortir ensemble. Mais cela se dresse comme une barrière à l’épanouissement et même à l’intégration de certains élèves. En fait, je crois en l’amitié fille-garçon. Je crois que l’amitié est normale parce que nous sommes égaux et nous sommes des humains.
Pour moi, un garçon et une fille peuvent choisir de se parler et de travailler ensemble sans forcément penser à l’amour.
Mon plus grand souhait ? C’est certainement de voir les filles et les garçons de mon école réunis autour d’une même table par les enseignants et de les entendre discuter ensemble des sujets divers, travailler en petit groupe ou en binôme. Je pense que c’est la vie normale d’une école mixte et d’une classe mixte.
Encadreure : Choisie Nseka