Schéma a 14 ans et est enfant reporter à Goma, dans la province du Nord-Kivu.

Je m’appelle Shema, j’ai 14 ans, et je suis enfant reporter du site des déplacés de Bushagara. J’ai sept frères et sœurs. En fait, je veux rendre hommage à mes parents. Parfois, on ne réalise pas les sacrifices qu’ils font pour nous les enfants.

 

 

Alors, je vais vous dire ce que mes parents représentent pour moi. Ils sont tout ce que j’ai de précieux au monde. Et vous allez savoir pourquoi.

Depuis octobre 2022, nous avons fui les combats dans l’Est de la RDC. Nous avons quitté Kitshanga à deux reprises pour nous installer le long des routes. Quelque temps après, nous sommes allés à Sake pour une semaine.

 

Aujourd’hui, nous vivons sur le site des déplacés de Bulengo.
Quelques semaines après notre arrivée à Bulengo, je ne réalise pas encore que nous venons de quitter notre maison et avons tout laissé derrière. Nous sommes installés dans un endroit totalement différent et inconnu.
Pour arriver à Bulengo, nous avons marché à pied pendant 4 jours et braver les intempéries dans les montagnes et les forêts. Une expérience douloureuse. Sur le chemin, mes frères, ma sœur et moi étions épuisés de fatigue. Entre les pleurs des enfants, leur fatigue, la faim et la peur de mourir, j’ai découvert la force des parents.

 

Le bonheur retrouvé

 

Après deux jours de marche sans manger, nous avons fait une pause. Les enfants sont restés attendre sur la route. Les parents eux sont entrés dans la forêt pour chercher des fruits et des tubercules à manger. Lorsque les parents reviennent sur la route, ils ont des fruits, des légumes, et même du bois pour préparer la nourriture.

Pendant un moment, les enfants oublient qu’ils sont en train de fuir la guerre. Ils sont contents de manger. Nous n’avons pas tout mangé. Nous emportons quelques patates douces pour manger en route.

 

D’autres familles avaient des pommes de terre, du manioc, etc.
Après deux jours de marche, nous arrivons à Sake. Nous sommes des sans-abris. Un peu comme les images des déplacés et réfugiés qu’on voit à la télévision pendant les informations. Mais, là, je ne les regarde pas à la télé. Je suis parmi eux.

 

Le sacrifice des parents 

 

La nuit tombée, les parents se sacrifient encore pour leurs enfants. Ils les couvrent avec des sacs en plastique. Mes parents ont vendu du bois de chauffe trouvé dans le parc. Et ils ont utilisé une partie pour nous construire un abri. L’abri de fortune construit par mes parents a deux pièces. Moi et mes sept frères et sœurs dormons sur un matelas que nous avons réussi à emporter durant notre fuite. On avait aussi une couverture. Mais mes parents dorment par terre. Ils ont mis quelques feuillages par terre et ajouté un pagne au-dessus.

 

Une semaine après, mes parents décident qu’on devait partir de Saké pour Bulengo. À Saké, nous n’avons reçu aucune assistance. Les déplacés sont assistés par des humanitaires à Bulengo. Ils ont aussi accès aux soins médicaux. Mes parents font tout pour nous protéger, nous les enfants.
Grâce à eux, même si nous vivons dans le site des déplacés, je m’épanouis et je me développe. Sur le site, nous sommes exposés à plusieurs déviations telles que la drogue, l’alcool, la prostitution, etc. Mais mes parents veillent à ce que rien de mal ne puisse nous arriver. Ils nous protègent encore et toujours. Les parents veillent à quand est-ce qu’on sort et quand est-ce qu’on rentre à la maison.

 

Lorsque l’encadreur des enfants leur a demandé si je pouvais devenir enfant reporter, ils ont accepté. S’il faut discuter avec d’autres enfants sur les questions qui nous concernent ou participer à des activités, ils me laissent partir avec mes encadreurs.
Mes parents, je vous dis merci. Je vous exprime ma gratitude. Aux parents du monde, je dis, vous êtes des héros qui se sacrifient pour leurs enfants.