Prisca Kongolo est contributrice sur le blog Pona Bana à Kinshasa.

 

« Alléluia ! Alléluia ! Betela yesu maboko », crie le pasteur ou le modérateur d’une église.Comprenez: « acclamez pour Jésus ». Ce que j’entends sort des baffles d’une église dans mon quartier autour de 16h. C’est le début du culte.

 

Je suis Prisca Kongolo, enfant reporter de Kinshasa. J’habite dans la commune de Bandalungwa.
En fait, on ne peut pas passer dans mon quartier sans trouver des églises ou des bars. Notre maison est voisine de plusieurs églises. Du coup, à chaque début de culte, nous avons les chansons et tout ce qui se passe dans les églises à la maison.

À cause du bruit qu’elles font, je me suis retrouvée à maîtriser les horaires de cultes. Lundi, mercredi et vendredi pour les unes, et mardi, jeudi et dimanche pour les autres. Le samedi, est laissé à la jeunesse.

Le problème, c’est qu’on dirait que ces églises ne se préoccupent pas du voisinage. Chacune fait son culte comme si les autres n’existent pas. C’est un vrai désordre. L’une d’entre elles est très proche de la maison.

Je n’arrive pas à revoir mes leçons

 

En fait, je suis de l’avant-midi. Donc je vais à l’école le matin. Quand je rentre, j’ai à peine le temps de manger et me reposer. Après, il faut revoir ses notes. Le problème, c’est que c’est souvent à l’heure du culte de l’église. Et quand le bruit commence, impossible de se concentrer sur autre chose.

 

Pourtant apprendre mes leçons, faire des exercices et faire mes devoirs, des choses fondamentales à mon développement scolaire, j’ai besoin d’avoir un bon environnement. Si je n’étudie pas bien, je ne vais pas maîtriser mes leçons et je ne peux pas être à l’aise dans ma scolarité. Mais comment apprendre quand il n’y a pas de calme autour de moi ? À la base, je n’ai pas trop de problèmes avec les voisins. Mais le bruit ambiant dans mon quartier me dérange vraiment. Je préfère le calme et le silence.

« Tu vas devenir riche ! Tu auras des enfants ! Tu voyageras ! Le mariage te localise ! », promet un pasteur avec une voix tellement convaincante au micro. À tout cela, les fidèles répondent : «Amen». Chaque fidèle reçoit ce qu’il veut avoir. Mon cerveau semble fatigué, tellement qu’il a entendu ces phrases.

Ce que moi, je veux, c’est réussir à mon examen. Et pour cela, j’ai besoin de silence pour revoir mes cours. J’en suis privé constamment.

Maintenant que l’année scolaire a repris, je sais que je vais vivre la même situation. Et lorsqu’arrive la période des examens, c’est pareil. Et je suis souvent inquiète. En fait, je n’arrive même pas à lire un chapitre de mes cours.

 

Il y a trop de bruit dans la ville

 

En fait, j’ai remarqué qu’il y a beaucoup de bars et des églises dans mon quartier. Je ne sais pas si c’est la même chose dans d’autres quartiers. Je me souviens même avoir lu un rapport de recensement qui indiquait que rien qu’à Bandal il y a plus de 2000 bars. Contre combien d’écoles ? Pas beaucoup. Je me demande comment est-ce qu’on penser construire le Congo de demain avec autant de bars ?

Et, il y a presque autant d’églises. En fait, on ne parle pas assez des bruits et des pollutions sonores dans la ville de Kinshasa. Pourtant, cette situation touche tout le monde, et même les enfants. J’aimerais que les autorités puissent réglementer ce secteur pour éviter d’avoir des églises et des bars à côté des écoles. Pourquoi ne pas limiter la présence des bars et églises dans des quartiers et secteurs qui ne sont pas assez habités ? Cela peut aider.

Ou encore, comment aider à les églises et les bars à contenir leurs sons à l’intérieur sans déranger les voisins ? Je crois que c’est possible. Sinon, cette situation affecte l’éducation des enfants.

 

Encadreur : Guy Muzongo