Corneille Ngindu est enfant reporter à Kinshasa.

Je m’appelle Corneil Ngindu et je suis enfant reporter de Kinshasa. Dans mon quartier, je vois souvent des jeunes conduire des motos. Et parmi eux, il y a des enfants. En fait, je pense que ce n’est pas leur place. Pour moi, un enfant doit aller à l’école.

 

Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi certains enfants se retrouvaient dans la rue plutôt qu’à l’école. Un jour, j’ai rencontré un garçon de 15 ans. Il s’appelle Jénovic et il est motard depuis un an. Jénovic ne va plus à l’école. Il conduit la moto entre Lemba terminus et Lemba super, deux points dans la commune de Lemba à Kinshasa.

 

Quand je lui parle, je lui demande pourquoi il est motard ? C’est tout de même risqué pour un jeune de son âge alors qu’il peut aller à l’école.

Sa réponse me surprend. Pour lui, sa vie est mieux en dehors de l’école. Il préfère le travail à l’école.

 

En fait, avant de devenir motard, Jénovic étudiait. Il commence à travailler parce que ses parents ne prennent plus soin de lui. Petit à petit, il se rend compte qu’il est presque seul et doit se prendre en charge.

Ses parents sont souvent absents et ne suivent plus sa scolarité. Les parents ne lui laissent plus d’argent pour la nourriture et ses autres besoins. Pour eux, c’était comme si le garçon n’existait plus.

Lorsqu’une occasion pour apprendre à faire la moto se présente, Jénovic n’hésite pas. Il se lance. Il apprend en fait le métier qu’il pratique aujourd’hui.

 

Comme ses parents ne s’occupent plus de lui, ils ont à peine remarqué que Jénovic ne va plus à l’école. Pour lui, c’est un avantage. Non seulement personne ne se rend compte de ce qu’il fait et en plus, il gagne de l’argent.

 

Apprendre à vivre à ses dépens

 

Comme motard, Jénovic gagne assez bien sa vie et arrive à manger. Du coup, il préfère la vie de motard à celle d’un élève. Oui. Mais cela se fait à quel prix ?

Pour moi, ce garçon fait juste partie de ces enfants qui sont exposés au danger routier chaque jour.

 

En fait, je pense que priver un enfant d’éducation aujourd’hui, c’est un peu le priver d’un avenir. Demain, comment pourra-t-il se défendre en société ? Aujourd’hui, Jénovic ne rêve pas plus que la vie de motard qu’il a déjà. J’essaie de lui parler de l’école, mais pour lui, sa vie est déjà meilleure telle qu’elle est. Je respecte son opinion.

 

Quand il s’en va, je remarque que ses pieds touchent à peine le sol. Il est parfois déséquilibré lorsque les routes sont sablonneuses. Cela présente des risques de chute à chaque fois.

Je pense que l’irresponsabilité de ses parents met vraiment en danger sa vie. Le fait que Jénovic ne va plus à l’école viole son droit à l’éducation et entrave son développement futur.

Je pense qu’on devrait aussi créer des centres de formation pour sensibiliser les parents sur leur responsabilité envers leurs enfants. Il faudrait aussi les sensibiliser sur les questions de droits de l’enfant. Ça éviterait d’abandonner leurs responsabilités et pousser leurs enfants à la débrouille.

 

Encadreure : Choisie Nseka