« Je ne sais pas pourquoi on me déteste, je suis qu’une enfant » dit Laetitia, l’amie de mon cousin. Elle a 10 ans et vit à Kinshasa avec son oncle. Laetitia a un frère et une sœur. Ils ont été séparés à la mort de leurs parents. Je m’appelle Dahlia Givunza et j’ai 14 ans. Je suis enfant reporter de Kinshasa.
À la mort des parents de Laetitia, son frère et sa sœur vont vivre chez un proche parent de la famille. Laetitia, elle, doit vivre chez son oncle à Mont-Ngafula. Elle y va sans réfléchir. Elle n’a pas le choix. Chez son oncle, Laetitia est maltraitée. La femme de l’oncle ne l’aime pas. « Quand mon oncle sort, sa femme m’insulte sans raison et me frappe. Elle m’impose tout ce qu’elle veut, etc. Et quand tonton rentre, elle raconte de fausses histoires et m’accuse de lui manquer du respect. L’oncle sans rien vérifier me frappe encore. Donc je suis doublement battue », raconte Laetitia, pendant que des larmes coulent de ses yeux, en silence.
En fait, l’oncle de Laetitia va souvent en mission à l’étranger. Il est souvent absent. Et quand il est à Kinshasa, il rentre souvent tard à la maison. Pendant ses absences, sa femme maltraite Laetitia. Elle la prive de nourriture, l’empêche d’aller à l’école, etc. L’oncle ne sait pas que sa nièce est maltraitée et qu’il est aussi l’un de ses bourreaux. Pour lui, éduquer sa nièce, c’est la frapper. Laetitia n’en peut plus.
Un soir, alors qu’elle est encore battue, l’enfant décide de s’enfuir. Elle se cache sous les tables d’un marché pour sa première nuit hors de la maison. Ce n’est pas facile, mais elle se sent en paix. On ne la bat pas. Elle dort dehors plusieurs jours à cause de la paix qu’elle y trouve. Finalement, elle choisit de rester dans la rue. Elle se dit en paix. « Même si je ne mange pas chaque jour et que je n’ai pas de toit sur ma tête, mon corps n’a pas mal », relativise Laetitia. Et pourtant, la fille rêvait d’aller à l’école et devenir une grande personnalité dans le pays. Peut-être ministre ou député ? Elle espère trouver le moyen de retourner un jour à l’école. Je trouve un peu triste qu’elle dorme dans la rue. Mais en même temps, je suis heureuse qu’elle aille bien et qu’elle soit en paix.
Pas de raison pour la violence
En fait, je pense qu’aucune excuse ne peut justifier la violence envers un enfant. Je crois que malgré son âge, son sexe ou sa couleur de peau, chaque enfant mérite le respect et l’amour. Pourtant, autour de moi, je vois beaucoup d’enfants victimes de violences. Ils sont battus, insultés, rejetés, etc. Ils le vivent en silence. Pourquoi ? Parce que ce sont des enfants. Et que les adultes ont toujours raison. À cause de cela, certains enfants sont obligés d’aller vivre dans la rue pour échapper à la violence. Pour moi, cela montre combien certains adultes ne se rendent pas compte du mal qu’ils font aux enfants. Et c’est très triste.
Pour moi, il est temps que les choses changent. Que les adultes protègent les enfants et qu’ils prennent conscience que le mal qu’ils font affecte les enfants. Et certains enfants sont profondément blessés. Malheureusement, d’autres enfants peuvent reproduire le même modèle éducatif. Je veux qu’on arrête de tolérer la violence envers les enfants et que des vraies sanctions soient prévues et appliquées contre les auteurs des violences envers les enfants.
Encadreuse : Abigael Mwabe
Dahlia Givunza, 14 ans, est enfant reporter à Kinshasa.
