Je m’appelle Cécile Yeyama, enfant reporter de Kisangani. J’ai 17 ans et j’étudie au lycée Anuarite. J’ai du mal à vivre la montée du niveau des eaux dans ma ville.
Le lycée Anuarite est construit juste près de la berge du fleuve Congo. C’est la route qui mène vers Aspiro, un marché se Sisimi, qui nous sépare de ce grand cours d’eau. D’habitude, nous passons avec la moto sans problème et sans difficultés. Mais la crue du fleuve Congo a tout changé.
L’eau a débordé de son lit pour atteindre la route principale, et aller jusque devant notre école. Heureusement que l’école est construite en hauteur. Malgré cela, la sœur-préfet n’autorise aucune absence, surtout pour nous, finalistes du secondaire. Chaque jour donc, nous devons trouver une solution pour affronter les eaux et atteindre l’école.
Les habitants du coin ont développé une activité lucrative : faire traverser les élèves par pirogue moyennant 200 FC, ou par moto, contre 500 FC. Je n’ai jamais vu une telle situation de toute ma vie. Mais j’apprends que cela est déjà arrivé dans le passé, plus précisément en 1995.
Il arrive que je n’aie pas d’argent pour traverser à moto ou en pirogue. Alors j’enlève simplement mes chaussures que je garde en main, et j’affronte l’eau, pieds nus. Quelques fois c’est même amusant. Mais bon, c’est pour aller aux cours que je fais ce sacrifice, les études passent devant.
Récemment, on nous a montré un chemin qui passe par le couvent qui se trouve derrière l’école. Mais j’avoue que le détour est un plus long que par la route principale. On s’y fait et on avance pour l’amour de l’école.
Encadreur : Alexis Kabwika