Jenovic Kahungwe est un enfant reporter de 16 ans habitant la ville de Kipushi

Je suis Jénovic Kahungwe, conseiller en charge de la protection sociale et juridique du comité local de l’institut Mulumba Lukoji de Kipushi, et j’ai 16 ans. Lors de mes vacances à Kolwezi, j’ai assisté à un drame qui m’a intrigué.

 

Mardi 02 août 2022, j’ai assisté au rammasage forcé d’enfants en situation de rue. Ils ont entre 4 et 17 ans. Ils sont embarqués de Kolwezi pour le Service National à Kanyama-Kasese, dans le Haut-Lomami. Certains d’entre eux sont certes errants mais vivent dans leurs familles. Je me pose de multiples questions à ce sujet.

 

 

Pourquoi embarque-t-on les enfants de cet âge ?

 

L’insécurité à Kolwezi est à la base de cette mesure prise par les autorités provinciales. Dans le souci de la réduire, les enfants en situation de rue sont arrêtés et embarqués vers le Service National. Là-bas, ils apprennent quelques métiers et sont utilisés dans l’agriculture. Bravo !

Malheureusement, bon nombre d’enfants qui ont été arrêtés ne sont pas en rupture familiale. Certains sont des élèves qui sont en vacances. Les critères sur  base desquels ils sont sélectionnés ne sont pas bons : cheveux non-soignés et hygiène. Tout enfant qui osait résister était frappé.

 

 

Je passe mes vacances sous le traumatisme

 

Jusqu’à présent j’ai encore peur. Il est difficile de sortir de la parcelle pour payer juste quelque chose. Je pense qu’on peut aussi m’arrêter. Nous sommes tous dans la parcelle et aucun ne veut sortir. Je me demande même pourquoi je suis venu passer mes vacances à Kolwezi. J’ai tellement peur.

 

 

La réaction des parents n’a pas tardé

 

Les mères des enfants arbitrairement arrêtés sont allées devant la mairie de Kolwezi. Elles réclament la libération immédiate de leurs enfants. « Vers 15h, j’ai envoyé mon enfant pour m’acheter du savon. Et après quelques minutes, j’apprends qu’il est embarqué dans une jeep de la police pour Kanyama-Kasese. C’est un élève en vacances scolaires. On doit le libérer », explique l’une d’entre elles. Sous une grande émotion, elle pleurait devant la mairie. Malheureusement elles n’ont pas reçues. La mairie n’a même pas voulu qu’elles entrent déposer leur plainte.

 

 

La loi autorise-t-elle la séparation des enfants d’avec leurs parents ?

 

L’article 9 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant déclare : « Les Etats parties veillent à ce que l’enfant ne soit pas séparé de ses parents contre leur gré, à moins que les autorités compétentes ne décident, sous réserve de révision judiciaire et conformément aux lois et procédures applicables, que cette séparation est nécessaire dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Une décision en ce sens peut être nécessaire dans certains cas particuliers, par exemple lorsque les parents maltraitent ou négligent l’enfant, ou lorsqu’ils vivent séparément et qu’une décision doit être prise au sujet du lieu de résidence de l’enfant.» Si tel est le cas, pourquoi alors sépare-t-on ces enfants de leurs parents ?

 

Mon plaidoyer

 

Je demande aux autorités provinciales de procéder à l’identification des enfants en situation de rue avant tout embarquement. Je plaide pour la libération de tous ces enfants arbitrairement arrêtés à Kolwezi et leur réintégration dans leurs  familles respectives.

 

 

 

Encadreur : Christian Katondo