Faveur Maniku, 16 ans, est Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Elle a participé au Forum des Filles de la RDC en 2022.

Je suis Faveur Maniku, enfant reporter de Kinshasa et j’ai 17 ans. À l’occasion de la journée mondiale de l’albinisme, nous avons visité un orphelinat spécialisé. Il ne reçoit que des enfants albinos. L’orphelinat se trouve à Kinshasa dans le quartier Mombele.

 

Je ne savais pas qu’un tel orphelinat existait. J’étais surprise d’apprendre qu’il y avait un tel endroit à Kinshasa. Pendant les discussions, j’ai compris que les enfants albinos sont stigmatisés à cause de leur apparence. Du coup, certains ont du mal à s’ouvrir à nous pendant lorsqu’on commence à échanger avec eux.

 

Monique a 18 ans et elle est parmi les jeunes du centre. Cette jeune fille vient de Kananga. Elle y vivait jusqu’en 2022 avant d’arriver à Kinshasa en bus. Son voyage de Kananga (Kasaï Central) jusqu’à Kinshasa a duré une semaine. Elle a voyagé avec sa petite sœur de 11 ans. Elle en avait 16 à l’époque. Monique, ses deux grands frères et sa petite sœur sont tous albinos.

 

Pendant son enfance, aucun enfant ne s’approchait d’elle ou de ses frères. Dans son quartier, les enfants les fuyaient. D’autres enfants disaient qu’il ne fallait pas les fixer des yeux, de peur qu’ils viennent les hanter la nuit.

Les moqueries et insultes

Sa mère s’est fatiguée des discriminations et stigmatisations. Elle ne les encourage plus à être forts, à partir à l’école, à compter sur Dieu, car c’était lui leur créateur et que son amour à elle suffisait amplement. « C’était humiliant de se promener sur l’avenue en sachant que les gens ont peur de moi et me lancent des insultes », se souvient Monique.

Le papa de Monique a été rejeté sa famille. Monique et ses frères ont quand même réussi à recevoir une éducation malgré toutes les formes de discriminations auxquelles ils ont fait face, pas seulement des leurs camarades élèves, mais aussi des enseignants.

 

Ses parents ne pouvaient plus les prendre tous en charge. Monique et sa petite sœur sont envoyées à l’orphelinat pour leur prise en charge. Elles s’y sentent bien et épanouies.

Aujourd’hui Monique confectionne des habits pour ses camarades et souhaite suivre une formation plus approfondie en couture. Elle veut maîtriser à couper les tissus.

 

Albinos et ambitieuse, c’est normal et c’est possible

 

Jenny a 20 ans. Elle est l’aînée d’une famille de cinq enfants. C’est la seule albinos. Jenny a fait des études scientifiques et a obtenu son diplôme d’Etat depuis 2022. Elle est arrivée à l’orphelinat à l’âge de 11 ans. « Mon père est mort quand j’avais 11 ans et ma mère m’a amené à l’orphelinat parce qu’elle ne pouvait plus nous prendre en charge », explique Jenny.

Depuis qu’elle a plus de 18 ans, Jenny ne vit plus dans l’orphelinat. Elle est retournée vivre avec sa mère et ses frères et cherche activement un emploi. La jeune voudrait soutenir sa mère et poursuivre ses études à l’université. Elle rêve de devenir avocate pour défendre les droits des enfants en général et des enfants albinos en particulier.

 

À 11 ans, Faida est heureuse et souriante. Cette fille vient de passer son test de fin d’étude primaire TENAFEP en sigle. Le 13 juin, c’était son premier jour d’examen. Elle m’a dit qu’elle a assuré. Faida est tellement confiante en ses chances de réussir. Elle étudie au complexe scolaire Lys à Mombele.

« À l’école, mes amis admirent ma peau. Ils disent que je suis comme une blonde perdue au Congo. Ils me font des bisous sur la joue pour sentir comment ma peau est douce. Je me sens très à l’aise et bien dans ma classe », raconte Faida qui rêve de devenir juriste.

Après avoir échangé avec eux, j’ai compris que chaque enfant a une histoire particulière et différente, qui influence sur sa personnalité.

 

Un enfant albinos est un enfant comme les autres. Et chaque enfant a droit à une éducation, protection et le droit d’avoir une famille. Un enfant a aussi le droit de vivre dans les meilleures conditions possibles. Pourtant, certains enfants albinos ne se sentent pas aimés ou acceptés dans la société à cause de leur différence de peau. En fait, l’albinisme ne peut pas être un frein à l’épanouissement d’un enfant.

Un albinos est un humain qui veut être accepté, tout simplement.