Prospere Tusime, 16 ans, enfant reporter à Bunia dans la province de l'Ituri

C’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes. On peut parler du harcèlement sexuel aussi dans les écoles. Je considère que c’est une forme de violence. De jeunes filles élèves sont victimes. Mais des victimes silencieuses, elles souffrent intérieurement.

 

C’est une situation qui doit changer. S’il y a des choses qui passent bien inaperçues dans nos écoles, le harcèlement sexuel en fera sûrement partie. Je m’appelle Prospère Tusime, enfant reporter en Ituri. J’ai 16 ans.

 

Dans la ville de Bunia, j’ai rencontré Sarah. Elle est âgée de 17 ans, mais elle a dû abandonner le chemin de l’école. Pourtant deux ans plutôt, elle était élève de 3e année. Et aujourd’hui, elle est devenue vendeuse de beignets. Un choix qui n’a pas été facile. J’ai essayé de comprendre.

 

Du goût des études au dégoût des enseignants

 

La jeune Sarah avait de grandes ambitions pour sa vie future. Courageuse, engagée et ponctuelle, elle dit avoir tout perdu après des avances exagérées de certains de ces enseignants.

 « Certains de mes enseignants n’ont pas cessé de me déranger. J’ai été victime continuellement de harcèlement sexuel dans mon école. Des enseignants qui voulaient coûte que coûte abuser de moi. J’étais déstabilisée », a-t-elle confié. 

Bien qu’elle fût déstabilisée, elle ne savait pas à qui en parler. Pour fuir le stress continuel, elle a jugé bon de rompre avec ses rêves. 

« J’étais incapable de supporter ces dérangements continuels. Des gens que je voyais comme des parents, mais ils voulaient me réduire à un instrument sexuel. Cela a eu des répercussions sur ma santé mentale, psychologique, aussi. Du coup, j’ai cessé d’aller à l’école. Je pense que je n’ai plus besoin d’étudier », se désole-t-elle. 

 

Le rapport de domination 

 

Lorsqu’un enseignant courtise une élève, on peut estimer que c’est un rapport de domination. Cela peut être difficile pour l’enfant de continuer à suivre les cours avec quiétude en sachant qu’un enseignant lui court après.

Après avoir échangé avec elle, je me suis dit qu’elle ne doit pas être la seule dans cette situation embarrassante.

 

L’école est censée être un lieu de formation

 

De nombreuses jeunes filles souffrent. Elles font face à du harcèlement sexuel de la part de leurs enseignants et responsables scolaires. Voyez-vous ? Ce n’est pas normal. Les conséquences sont énormes. La santé mentale est touchée. Si pas aujourd’hui, peut-être demain. 

« J’allais dénoncer auprès de qui ? Et qui me croirait ? Aurais-je réellement une suite favorable ? », autant de questions qui la tourmentaient ». 

Je crains que cela ne soit pris comme un style de vie en milieu scolaire. Je pense que chacun doit être conscient. Ce phénomène doit disparaître. 

Personnellement, je crois qu’on doit faire quelque chose. Des sensibilisations dans des écoles pour rappeler aux responsables scolaires et enseignants qu’ils ne doivent pas être acteurs de harcèlement sexuel. Les jeunes filles aussi doivent briser le silence en dénonçant ces pratiques.Mais elles ont besoin de se sentir protéger. De ne pas mettre leur vie en danger.

Agissons vite pour un avenir beau et bon.

 

Encadreur : David Ramazani