En marge de la célébration du 25èmeanniversaire de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’enfant, nous, enfants reporters du Bandundu, avons décidé de parler de la situation actuelle des enfants au Bandundu, en comparaison avec celle du passé.
Pour y parvenir, nous procédons par une analyse méthodique suivant les 4 thèmes de la Convention des Droits de l’Enfant. Nous sommes partis à la recherche des statistiques pour notre province (le rapport MICS pour 2010, et l’Enquête démographique et de santé 2013/2014), et avons comparé les données pour voir l’évolution des droits de l’enfant durant ces dernières années.
La Survie de l’enfant
Jouir d’un meilleur état de santé est l’un des droits fondamentaux de la Convention des Droits de l’Enfant. Dans l’article 6 alinéa 2, l’Etat congolais prend l’engagement d’assurer à tous les enfants la survie et le développement. Ce thème englobe plusieurs aspects et nous avons choisi de vous parler de ce qui suit :
– la couverture vaccinale
Cet aspect a évolué dans les temps, nous avons aujourd’hui de nombreux enfants qui accomplissent le cycle de vaccination (c’est-à-dire ceux qui ont été vaccinés avant leur premier anniversaire). A travers le vaccin, les enfants peuvent échapper à des nombreuses maladies évitables telles que la rougeole et la poliomyélite. En 2010, 80% des enfants du Bandundu étaient complètement vaccinés, malheureusement la situation a rétrogradé à 42% en 2013 (d’après notre lecture du MICS et de l’EDS).
Les causes de cette régression sont multiples. Selon le Représentant du Programme élargi de vaccination (PEV) au Bandundu, que nous avons interrogé, cela est dû d’une part à l’approvisionnement parfois tardif des vaccins, à la faible couverture en chaînes de froid, aux transports inadéquats, à l’accessibilité difficile de certaines zones de santé, à un financement insuffisant pour couvrir tous les besoins de vaccination, etc.
– l’utilisation de l’eau potable
Cette situation est préoccupante tant dans les milieux urbains que ruraux. Selon le MICS 2010, le pourcentage de ménages utilisant des sources d’eau de boisson améliorées s’élève à 19% au Bandundu, tandis que la moyenne nationale est de 47%.
– la nutrition adéquate
La situation a une fois de plus régressé dans la province car en 2010 le pourcentage des enfants souffrant de la malnutrition chronique s’élevait à 37% et aujourd’hui, elle est à 39%. Cela démontre une situation alarmante sur laquelle les autorités devraient se pencher. Car une nutrition adéquate assure à l’enfant une croissante saine et le développement des ses aptitudes tant physiques que mentales.
– la prévention du paludisme
Le paludisme demeure la maladie qui touche le plus d’enfants de 0 à 5 ans dans notre province. L’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide a réussi à diminuer la prévalence de la maladie dans la région. Nous avons noté que l’utilisation de cette moustiquaire est plus observée dans le milieu rural que dans le milieu urbain. L’EDS 2013 montre que jusque-là, la prévalence du paludisme est de 20% dans la province, c’est-à-dire que 1 enfant sur 5 en était malade lorsque les enquêteurs ont fait les tests.
Le Développement de l’enfant
Le deuxième thème de la Convention relative aux droits de l’enfant est « le développement de l’enfant », qui fait appel à une éducation de qualité et accessible à tous les enfants.
La fréquentation des enfants à l’école primaire est de plus en plus croissante sur toute l’étendue de la province y compris dans le milieu rural. Mais encore faut-il assurer le maintien de ces enfants jusqu’à la fin du cycle et rendre l’éducation préscolaire et secondaire plus accessible. La qualité de l’éducation demeure préoccupante et les infrastructures ne remplissent pas les normes requises pour le bon fonctionnement des écoles.
La protection de l’enfant
La troisième famille de droits de l’Enfant, c’est « la protection de l’enfant ». Ce concept rappelle aux parents, à l’Etat congolais et à tous les autres organes que l’enfant a besoin d’une protection contre les mauvais traitements, les enrôlements dans les groupes armés, les exploitations, les violences, etc.
Les enfants du Bandundu sont jusqu’à ce jour exposés à plusieurs traitements inhumains et violations. Nous assistons aux violences sexuelles, aux mauvais traitements des enfants de la part de leurs parents, à l’exploitation économique tant dans les milieux ruraux qu’urbains, pour ne citer que cela.
Les données que nous avons consultées indiquent une amélioration de la protection des enfants dans la province. La convention relative aux Droits de l’enfant et la loi portant protection de l’enfant ont réussi à diminuer la montée des violations.
Comparativement avec la situation du passé, des avancées significatives sont observées actuellement : l’installation du tribunal pour enfant, qui n’existait pas dans le passé ; la campagne couplée vaccination et enregistrement des enfants à l’état civil qui, avouons-le, a apporté une augmentation du nombre d’enfants enregistrés dans la province ; l’édit portant protection de l’enfant que l’on doit vulgariser ; la police de protection de l’enfant,…
Soulignons qu’il y a encore des handicaps selon les membres de la composante protection lors de la revue annuelle 2014. Par exemple : le tribunal pour enfant qui attend l’affectation de personnel, la police de protection qui n’est pas équipée afin de mener à bien leurs opérations et les instruments juridiques qui protègent les enfants ne sont pas dûment vulgarisés. Et les autorités politico-administratives doivent veiller à l’application de ces instruments.
La participation des enfants sur les questions les concernant
La participation de l’enfant est un droit inaliénable : l’enfant a le droit de donner son avis sur les questions le concernant, il a également le droit de diffuser les informations inhérentes à son bien-être.
La participation des enfants est croissante dans la ville de Bandundu avec la présence des enfants reporters, mais dans l’ensemble de la province, cela reste un défi à relever par la Division du Genre.
A travers cette plateforme mise en place par le ministère du genre et l’UNICEF, les enfants ont à présent l’opportunité de donner leur avis sur les questions les concernant, ils peuvent aussi publier des informations par la rédaction des articles postés sur PONABANA.
Par exemple, les enfants du Bandundu ont été représentés par ma personne au Forum de l’espoir des enfants et au Sommet spécial de la CIRGL (la Conférence des Etats de la région des Grands Lacs) en juillet dernier. Notre souhait est de voir le programme des Enfants Reporters installé progressivement à Kikwit et à Kenge.
La participation des enfants a progressé dans le temps car dans le passé, les enfants n’avaient pas l’opportunité de prendre la parole dans les réunions de grande envergure. Le problème est qu’il y a des organisations non-gouvernementales à vocation d’encadrer les enfants dans notre province, mais dans l’ensemble elles ne sont pas dynamiques. Il faut que la société civile redynamise les structures d’encadrement des enfants pour plus de participation dans la province à travers des formations de remise à niveau.
Le plus grand reste à faire
Nous constatons que la situation des enfants dans la Province du Bandundu n’a pas sensiblement évolué et pour certains indicateurs, la situation s’est empirée, comme pour la vaccination et la malnutrition. Ainsi, nous pensons qu’il faut que chacun, dans la parcelle du pouvoir qui lui est départie, s’engage pour rendre la province du Bandundu digne des enfants.
Par cet article, nous lançons au nom des Enfants Reporters de notre province un vibrant appel à tous les organismes internationaux partenaires du Gouvernement Congolais, de financer des programmes qui visent la promotion des droits de l’enfant. Car promouvoir les droits de l’enfant, c’est assurer à coup sûr l’avenir de demain.
Au Gouvernement Congolais, je demanderai de s’assurer que tous les droits des enfants soient respectés.
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Photo : UNICEF RDC Brett Morton/Diana Mrazikova/Charlotte Gout