Le vendredi 3 juillet 2015, s’est tenu à Kinshasa l’atelier sur le mécanisme de surveillance et de documentation sur les violations graves des droits de l’enfant en période de conflit armé.
Cet atelier a connu la participation de 40 enfants venant des différentes structures d’encadrement. Etaient présents notamment des Enfants Reporters, des Scouts, des enfants de World Vision, des enfants de l’INAS (Institut National des Arts et Spectacles), des enfants d’écoles de Kinshasa, etc. tous réunis dans une même optique et un même idéal : celui de voir enfin cesser toutes les violations graves des droits des enfants en période de conflit armé.
Pour rappel, il y a exactement 10 ans, que le mécanisme visant à documenter et surveiller les violations graves des droits des enfants a été adopté. Ce mécanisme liste 6 violations graves des droits des enfants en période de conflit armé :
1. Recrutement et utilisation des enfants
2. Viols et violences sexuelles à l’égard des enfants
3. Enlèvements d’enfants
4. Tueries et mutilations d’enfants
5. Attaques et destructions d’écoles et hôpitaux
6. Refus d’accès à l’aide humanitaire destinée aux enfants
La RDC est inscrite sur la liste noire des pays dans lequel il existe des violations graves des droits des enfants en période de conflit armé.
Cet atelier était l’occasion pour les enfants de mieux appréhender cette problématique pour ensuite plaider au nom des enfants dont les droits on fait l’objet de violations graves en RDC, notamment dans sa région Est.
Toutefois, avant de pouvoir plaider au nom de ces enfants, il est nécessaire de connaître les droits en question, ainsi que les techniques de plaidoyer. En effet, on ne peut défendre ses droits si on ne les connaît pas.
C’est pourquoi cet atelier a débuté par une définition du droit et de l’initiation à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE ou CDE).
Ensuite, nous avons abordé la problématique de « violation grave des droits de l’enfant en période de conflit armé » à travers la présentation de l’histoire fictive d’un enfant.
Recruté et utilisé très jeune en 2002 par un groupe armé, il rencontre pour la première fois un agent d’une ONG qui lutte pour le démobiliser. Faute de mécanisme soutenant ses actions, l’agent de l’ONG n’avait pas d’influence face à ce puissant groupe armé.
En 2005, le mécanisme de surveillance et de documentation sur les violations graves des droits des enfants en période de conflit armé est adopté.
Cela signifie qu’enfin, cet agent dispose d’un outil et gagne en légitimité devant le groupe armé qui se sent davantage contraint de laisser partir les enfants.
Après avoir été briefés sur nos droits et initiés à la CDE, nous nous sommes regroupés en trois sous-ateliers ayant pour thème commun le « jour ». Le premier devait composer une chanson, le second élaborer une pièce de théâtre et le troisième un plan d’action.
Le plan d’action ciblait le gouvernement, la communauté et les enfants. Suite à ce plan d’action, deux messages en sont ressortis. J’ai moi-même, Carmel, lu le premier message et le second a été lu par Celena, une élève d’un collège situé à Kinshasa.
Voici ce que contenait le premier message :
Nous, enfants de Kinshasa, tenons tout d’abord à saluer les efforts du gouvernement et ses partenaires pour mettre fin aux violations graves des droits des enfants en période de conflit armé, notamment en adoptant le mécanisme de surveillance et de documentation sur ce problème.
Cependant, ce problème est un sujet plus que d’actualité. Compte tenu des conflits récurrents à l’Est de la RDC, plusieurs exactions sont commises à l’encontre des enfants, à savoir le recrutement et l’utilisation d’enfants, les violences sexuelles, les enlèvements, les tueries, les mutilations et tant d’autres.
Ces exactions vont à l’encontre de la Convention internationale des droits de l’enfant qui stipule dans son article 38 que « les Etats parties prennent toutes les mesures possibles dans la pratique pour veiller à ce que les personnes n’ayant pas atteint l’âge de quinze ans ne participent pas directement aux hostilités. Aucun enfant de moins de quinze ans ne sera enrôlé dans les forces armées. Les états assurent également la protection et les soins des enfants touchés par les conflits armés, selon les dispositions prévues par le droit international pertinent. »
Sur ce qui précède, nous demandons
Au Gouvernement de :
*Renforcer le mécanisme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des enfants.
*Renforcer la protection et la sécurité des enfants en période de conflit armé
*Prendre en charge les enfants sortis des forces et groupes armés d’un point de vue sanitaire et éducatif.
A la Communauté de :
*Accueillir agréablement les enfants sortis des forces et groupes armés
*Eviter la stigmatisation de ces derniers
Aux enfants de:
*Dénoncer les auteurs de violations de leurs droits
*S’approprier leurs droits et les revendiquer même en période de conflit armé
Nous espérons que vous prendrez en compte nos propos, afin que notre pays soit rayé de la fameuse liste noire de pays dans lequel sont commises des violations graves des droits de l’enfant en période de conflit armé.
Je vous remercie.
Voici ce que contenait le deuxième message :Nous sommes tous des enfants. Pourquoi devons-nous rire, aller à l’école, être avec nos familles, alors que nos sœurs et frères de l’Est sont victimes de violations graves ? Unissons nos forces et disons non au recrutement dans les groupes et forces armés et aux enlèvements de nos frères et sœurs de l’Est.
Seule, je n’y arriverai pas mais avec toi, elle, lui et eux, nous le pouvons. Je vous remercie.
Je pense que les deux messages ont été plus que claires. Nous les enfants refusons que nos droits soient violés en période de conflit.
L’atelier s’est clôturé dans une atmosphère chaleureuse et 10 enfants parmi les 40 qui ont pris part, ont été sélectionnés pour participer à l’atelier national sur la même problématique à la fin du mois de juillet.
Gardez un œil sur Ponabana pour ne pas rater l’article sur l’atelier national !
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Photos : UNICEF RDC/2015/Serge Wingi
Coup de chapeau au programme de coopération RDC-UNICEF pour les efforts consentis en faveur de la promotion, protection des droits de l’enfant en RDC. Les conflits armés sont à la base de beaucoup de violations des droits de l’enfant; le gouvernememt doit reflechir très loin en s’infestissant dans la prévention, surtout mettre fin aux groupes armés et groupes d’autodéfense populaire au nord katanga. La sensibilisation sur les droits de l’enfant dans les zônes touchées, doit atteindre les coins et recoins, dans les fins fonds des villages. Bravo!! les enfants pour le travail abattu. c’est très grand ce que vous faites pour vos paires. Je vous aime.
cet atelier a été très fructueux pour tout ce qui y ont participé et je tiens à informer les lecteurs qu’au moment où cet atelier se tenait à Kinshasa, il y en avait aussi à lubumbashi et à Goma ,et 5enfants ont été choisis dans chacune des deux villes pour participer avec les 10 autres de Kinshasa à l’atelier national sur » le mécanisme de surveillance et de documentation des violations graves des droits de l’enfant en temps de conflit armé » tenu à Kinshasa même du 23 au 27juillet 2015.
Non aux recrutement des enfants dans les groupes armés