Francine Likimba, 15 ans, est enfant reporter à Kinshasa.

 

Je veux parler des enfants qui vivent dans la rue. Le fait de vivre dans la rue ne fait pas d’un enfant, un adulte. Au contraire ! L’enfant est cette personne qui a besoin de protection.

Dans la rue, un enfant est confronté à la dureté de la vie et à d’autres difficultés. Mais il reste un enfant. C’est tout.

Je m’appelle Francine Likimba et j’ai 15 ans. Je suis enfant reporter de la ville province de Kinshasa.

Dans mon quartier, dans la commune de Kasa-Vubu, je vois souvent des enfants dans la rue. Je suis élève en 8ème à l’ISPV. Les enfants que je vois dans la rue sont là pendant la journée et pendant la nuit. Quand on les voit, on dirait qu’ils n’ont plus d’espoir. Ils ne savent pas où aller et ils ne savent pas comment se nourrir. Ils n’ont pas d’abris et ne vont pas à l’école. Et dans la société, ces sont enfants ne sont pas considérés.

Les parents qui parlent de ces enfants ont souvent tendance à les qualifier de “voyous”, “délinquants”, “ phaseurs”, etc. Aucun de ces noms n’est positif. Ils me font de la peine. Moi-même, je suis enfant et je me demande comment ils font pour vivre.

En fait, je trouve injuste que ces enfants soient traités différemment. Pour moi, ils restent des enfants. Je pense qu’ils ont les mêmes droits que moi et que nous devons tous en jouir. Comme moi, ils doivent être nourris et protégés. Ces enfants, qui vivent dans la rue, devraient aller à l’école au lieu de traîner dans la rue. Donc je n’accepte pas qu’on les traite comme s’ils n’ont pas de valeur. Surtout, je pense que ce n’est pas facile de vivre dans la rue.

 

“Vivre dans la rue est pénible”

 

“La vie dans la rue est rude, c’est un peu comme la jungle. Si tu ne travailles pas, tu ne manges pas non plus. Si tu ne voles pas ou ne mendies pas, tu vas mourir de faim. Vivre dans la rue est pénible”, me confie un petit garçon à qui je parle. Il vit dans la rue depuis quelques années. Comme les autres, il me demande un peu d’argent pour acheter de la nourriture.

En fait, je vois de plus en plus des nouveaux visages des enfants dans la rue. Des visages plus innocents. C’est vrai que certains enfants sont des habitués de mon quartier. Mais je vois de plus en plus des nouveaux visages. Souvent, ces enfants ont des habits délabrés. Et ils quémandent de la nourriture.
Au fond de moi, je crois que ces enfants ont besoin d’aide. Ils sont privés de nourriture et ne vont pas à l’école. En plus, ils doivent subir la dureté de la vie dans la rue. Ils n’ont plus de maison où vivre. C’est très triste ! Et j’espère qu’un jour, ils auront une meilleure vie.

La rue ne fait pas d’enfants

 

Plusieurs lois en RDC reconnaissent que l’enfant est un être vulnérable et qu’il mérite d’être protégé. En fait, ce sont les parents, l’Etat et la communauté qui doivent protéger cet enfant.

En-tout-cas, je voudrais que l’Etat congolais prenne ses responsabilités en main pour assurer à l’enfant la protection nécessaire dont il a besoin. Il faudrait aussi assurer à ces enfants qui vivent dans la rue leur droit à l’éducation, à la nutrition, aux soins de santé, etc. En fait, je pense que ces enfants doivent jouir de leurs différents droits dont ils sont privés.

La rue ne fait pas d’enfant. Et il faudrait que les responsables de ces enfants puissent prendre leurs responsabilités. Donc, je pense qu’aucun enfant ne doit être abandonné parce qu’il vit dans la rue ou parce qu’il se retrouve dans la rue. Ils restent des enfants. Alors, pour chaque enfant, même dans la rue, il faut veiller à lui garantir ses droits.

 

Encadreur : Nova Kwaya