Prisca Mahamba est une Enfant reporter de la ville de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu.

Jeudi 13 avril dernier, j’ai aperçu des enfants en situation de rue qui fumaient la cigarette, non loin du marché de Nyawera, dans la commune d’Ibanda, dans la ville de Bukavu. Je me suis approchée d’eux, afin de comprendre. Je m’appelle Prisca Mahamba, je suis enfant reporter de la ville de Bukavu.  J’étudie au collège Alfajiri et j’ai 13 ans.

 

Ces enfants m’ont affirmé qu’ils fument pour une double raison : éviter le stress au vu de tout ce qu’ils traversent, et éviter d’avoir faim quand ils n’ont pas à manger.  Selon eux, la cigarette est la meilleure des alternatives du fait de son prix : 100fc. Cependant, plusieurs d’entre eux ont fini par développer une dépendance. Et même lors ce qu’ils trouvent à manger, ils ressentent désormais le besoin de fumer.

C’est le cas d’Innoncent, âgé de 15 ans, qui explique : « Lorsque je passe une journée sans fumer, je sens des irritations à la gorge et à la poitrine. En plus, tous mes soucis reviennent dans la tête. La cigarette me permet d’oublier la vie passée aux côtés de mon père et de ma belle-mère ».

 

De la débrouille au quotidien

Le plus souvent, ils travaillent comme porteurs de marchandises dans les marchés. Ils aident également à évacuer les déchets ménagers ou à puiser de l’eau pour les militaires, contre un peu d’argent. Ils m’ont affirmé qu’il arrive aussi qu’ils ravissent des biens aux passants.

 

Enfants en situation de rue en train de fumer la cigarette

Enfants en situation de rue en train de fumer la cigarette à Nyawera (@Ponabana)

 

Une atteinte sûre à leur santé

Fumer n’est pas bon pour la santé, surtout, surtout pour un enfant. Innocent souhaite arrêter, ou plutôt diminuer, mais il n’y arrive pas. Lui et tous ses amis ressentent régulièrement la même douleur au niveau des poumons. Pourtant personne aucun d’eux n’a les moyens de se faire consulter par un médecin.

 

L’Etat doit jouer son rôle, les parents aussi

Ces enfants sont exposés à tous les risques dans la rue, malgré la loi : « L’Etat a l’obligation d’assurer une protection spéciale a l’enfant privé de son milieu familial et de veiller à ce qu’il puisse bénéficier d’une protection familiale de remplacement ou d’un placement dans un établissement approprié. Toute démarche relative à cette obligation tiendra dument compte de l’origine culturelle de l’enfant ».

Je demande à notre Etat de jouer son rôle et d’assumer ses responsabilités telles que stipulées dans la CDE, à laquelle il a adhéré.

Je demande également aux parents de faire de même envers leurs enfants.

 

 

 

Encadreur : Nathalie Mazinge