Je suis Grâce et j’ai 16 ans. Je suis parmi les nouveaux enfants reporters formés à Kinshasa en ce mois d’avril. Après la formation que j’ai suivi sur la rédaction des articles pour alimenter le blog Pona Bana, je vous partage mon premier texte.
En grandissant, j’ai dû quitter la maison de mon père pour aller vivre chez ma cousine. Je suis orphelin et j’ai perdu très tôt ma mère. Quelques temps après, mon père est tombé dans le chômage et les problèmes financiers se sont posés dans ma famille. La situation devenait de plus en plus difficile. Alors, lorsque j’arrive chez ma cousine, elle était surprise de me voir, mais n’a rien dit.
Elle a juste pris mes affaires pour les mettre dans une chambre. Ensuite, elle m’a dit que tout irait bien. Malheureusement pour moi, c’est le contraire qui est arrivé.
Cela n’a pas tardé. Quelques jours seulement après mon arrivée, ma cousine a commencé à me maltraiter. Je devais accomplir les tâches les plus difficiles à la maison. En plus, j’étais accusé de détruire l’éducation de ses filles. Comment ? Je ne sais pas trop.
Ma cousine me faisait tellement culpabiliser et elle m’accusait des choses que je ne connaissais même pas. Elle parlait de vol, d’impolitesse, etc. Et cela a duré plusieurs mois. C’était dur. Mais je devais supporter parce que je n’avais pas où aller et je ne pouvais pas rentrer chez mon père.
En fait, mes nièces s’étaient attachées à moi. Sa fille de 6 ans jouait beaucoup avec moi. Sa petite sœur qui avait une année de moins nous imitait. Alors pour ma cousine, je transmettais à ses enfants des mauvaises habitudes. Quand je jouais avec ses enfants, elle s’énervait. Elle disait que j’exerce une mauvaise influence sur elles.
« On fera face à tout, ensemble »
Le soir, il m’arrivait de pleurer en silence dans mon coin. C’était ma seule consolation, mes larmes. Les mots de ma cousine me faisaient très mal. Je me demandais ce que je lui avais fait pour mériter un tel traitement.
Un jour, mon père est venu me rendre visite. Il m’a demandé comment je me sentais chez ma cousine. Connaissant son caractère, je n’ai pas pu dire la vérité à mon père pour éviter qu’il ne se mette en colère. J’ai préféré ne rien lui dire. J’ai donc dit que tout allait bien. Mais la vérité, c’est que je souffrais énormément.
Un mois après sa visite, mon père a connu un accident de circulation très grave. Et on nous a demandé beaucoup d’argent pour ses soins.
Mes frères et sœurs étaient abattus parce qu’on n’avait pas de moyens. Un oncle nous a alors suggéré de contacter l’un de nos grands-frères qui vit à l’étranger et lui demander de l’argent pour ajouter au peu qu’on avait. Grâce à ça, mon père a reçu un bon traitement.
Après son rétablissement, il est venu me prendre chez ma cousine et m’a ramené chez lui. Il avait entendu parler de comment je vivais. En route, il m’a dit une phrase qui m’a beaucoup marqué : « On fera face à tout, ensemble ».
Depuis ce jour-là, je ne sais plus vivre chez quelqu’un. Mon père est toujours avec moi et veille sur moi comme il peut. Je suis reconnaissante de cette marque de protection qu’il m’a exprimée. J’aimerais que les parents fassent du mieux qu’ils peuvent pour protéger leurs enfants des mauvais traitements, et même de la séparation. C’est important.