Je m’appelle Pacifique. J’ai 16 ans et je suis élève en 7 ème année à l’institut Presbytérien dans la commune de N’djili. Après ma formation sur les questions des droits de l’enfant et du climat, je suis devenu contributeur du blog Pona Bana. Aujourd’hui, je veux vous partager mon histoire.
Dans deux ans, si tout se passe bien, j’aurai mon diplômé d’Etat. J’aurai mon bac et je pourrai enfin aller à l’université. N’importe quel enfant de mon âge doit se réjouir par cette nouvelle. Mais, moi, je ne suis pas trop enthousiaste. En fait, j’évite d’y penser. Finir mes études me rend même très triste. Vous voulez savoir pourquoi ? Je vous explique.
En fait, ça fait plusieurs années que mon père a voyagé hors du pays. À son départ, il nous a dit qu’il allait chercher de l’argent pour mieux prendre soin de nous et subvenir à nos besoins. Quelques semaines après son départ, il arrête de nous donner de ses nouvelles. Au début, on arrivait à avoir sa trace, même quand il n’appelait pas. Malheureusement, on a fini par perdre sa trace. On ne sait pas où il est aujourd’hui. Je n’ai plus que ma maman comme seul parent. C’est elle qui me nourrit, qui me soigne quand je suis malade et paie mes frais de scolarité. Elle s’occupe complètement de moi. Et elle est tout ce que j’ai.
Chaque soir, ma mère rentre à la maison épuisée et essoufflée par les dures journées qu’elle passe hors de la maison. Je la vois souvent allongée à même le sol dans la maison, l’air abattu. Elle rentre toujours la dernière à la maison. En fait, cela me fait mal de voir ma maman dans cet état. Ma mère compte énormément pour moi. Et je sais qu’elle souffre en elle pour nous offrir un avenir meilleur.
Je dois tout faire pour réussir…
Voir ma mère toujours aussi fatiguée me motive à travailler dur pour réussir dans ma vie. En fait, je ne veux pas réussir, je dois. Pour moi, réussir, c’est une obligation. Ce n’est pas un vœu ou un choix.
En fait, je rêve de devenir médecin. Je veux devenir un grand dans mon pays. Et pour ça, je sais que je dois travailler durement et essayer. Si je trouve une bourse d’étude, c’est mieux parce que cela va soulager ma mère du poids des frais académiques. Je pense étudier dans une université publique. Les frais sont accessibles. Mais je ne pense pas étudier dans une université privée. Les universités privées coûtent trop chers et ma mère n’a pas assez de moyens.
Tous les jours, quand je rentre de l’école, ma maman me rappelle de rester concentré sur mes études. « Pacifique, mon fils, aujourd’hui, je suis tout ce que tu as. Et peut-être que demain, je ne serai plus là. Alors prends tes études au sérieux. Ta vie et ton avenir en dépendent », me dit-elle à chaque fois. J’en ai encore les larmes aux yeux. Cette phrase me rappelle que je n’ai pas le droit à l’erreur. Je dois travailler dur et réussir dans la vie pour faire de ma maman la mère la plus heureuse au monde. Lorsque ma mère sera heureuse, je pourrai être en paix. Pour l’instant, je dois travailler dur pour réussir et la rendre fière de moi.
Voilà ce que je voulais vous raconter. Je me demande aussi si certains réalisent la chance qu’ils ont d’avoir leurs deux parents et qui subviennent à leurs besoins. S’il y en a qui vont me lire, qu’ils sachent que beaucoup d’autres enfants n’ont pas la chance qu’ils ont. Il ne faut pas négliger la chance qu’on a.
Encadreuse : Monica Bayena