Je m’appelle Ketsia Passou. Je suis ambassadrice climat et défenseure de la jeunesse UNICEF en RDC. Depuis des années, je vis à Mbudi au bord du fleuve Congo. Nous sommes non loin du quartier Kinsuka où il y a eu des inondations dernièrement. En fait, les inondations sont de plus en plus fréquentes à Kinsuka et dans d’autres quartiers de Kinshasa qui sont le long du fleuve.
Après chaque pluie, les populations vivent un calvaire. Le manque de canalisation fait que les eaux de pluie n’ont pas où aller. À cela s’ajoute les constructions anarchiques dans le quartier et une mauvaise gestion des déchets. Dès qu’il y a une forte pluie, le quartier est inondé.
Depuis le 15 décembre dernier, nous avons remarqué une montée inhabituelle des eaux. En fait, il pleut abondamment en décembre à Kinshasa et dans d’autres villes en RDC.
Le niveau de crue a augmenté significativement. Le chemin de l’université se remplissait d’eau au fur et à mesure au point de ne plus pouvoir traverser la ruelle à pied ni à moto. Pour se déplacer, il fallait prendre une pirogue.
Lorsqu’il n’y a pas de pirogues pour traverser les eaux stagnantes de pluie, certains jeunes proposent la traversée à dos. Prix de la course : 500 francs. Un petit commerce en fait.
Sur le chemin de l’université, une file des passants pressés attend la traversée vers l’autre rive pour aller au centre-ville. En fait, je n’avais jamais vu autant d’eau avant ces dernières crues. J’avais peur de tomber dans l’eau lors de ces traversées en pirogue ou accrochée sur le dos d’un jeune.
Le dimanche en allant à l’église, construite sur une petite colline, je regardai vers le bas. Je me suis rendue compte que du risque auquel certaines familles étaient exposées. J’ai vu des maisons envahies par des déchets plastiques. En fait, les eaux ont ramené les bouteilles plastiques dans les quartiers, dans les maisons et les écoles. Alors que d’habitude, le fleuve et la rivière sont plus bas.
Depuis les premières pluies de décembre, tout à commencer à aller de plus en plus vite. Après chaque pluie, à chaque réveil, des voisins déménagent, des commerces ferment et des écoles aussi. Pour certains élèves, l’école s’est arrêtée.
Le transport dans les pirogues est devenu normal. Je la prends chaque matin pour aller de l’autre côté. J’ai encore du mal à croire que cela se passe aujourd’hui en plein cœur de Kinshasa la capitale.
Je me rends compte de l’urgence climatique actuelle et à quel point le climat peut être imprévisible.
Quand la nature se déchaîne, nous n’avons aucun pouvoir face à lui, à part celui de nous adapter et d’accepter que rien ne sera plus jamais comme avant. Les voisins du quartier dont les maisons sont inondées sont partis et leurs maisons définitivement détruites. En fait, si nous ne voulons pas disparaître, il nous faut adopter un nouveau mode de vie.
Je pense que cette situation au-delà de m’attrister me fait comprendre à quel point le changement climatique est bien réel et nous devons tous nous battre. En effet, des milliers de personnes subissent les effets les conséquences du réchauffement climatique. Moi aussi.