Ezechiel Kongolo est un Enfant Reporter de Kamonia, dans la province du Kasai.

Je m’appelle Ezéchiel Kongolo, enfant reporter de Kamonia, dans la province Kasai, en République Démocratique du Congo. J’aimerais vous raconter l’histoire de Judith, ma voisine de 17 ans, donnée en mariage depuis l’âge de 14 ans.

 

 

 

Donnée en mariage à 14 ans, elle vit l’enfer

 

Judith est née dans une famille très pauvre, comme beaucoup des filles de Kamonia. Ses parents n’avaient pas les moyens de subvenir à ses besoins. Alors, ils l’ont donnée en mariage à un monsieur, en espérant qu’elle aura une meilleure vie.  Malheureusement, cette meilleure vie n’est jamais arrivée.

Judith m’a avoué que depuis qu’elle est en mariage, sa vie est un enfer. Elle vit dans la misère la plus totale. Son mari n’a pas de travail et passe ses journées à consommer des boissons fortement alcoolisées. Parfois, quand il rentre ivre, il se montre violent avec elle.

 

 

 

Une vie de misère qui lui fait honte

 

Judith a honte de sa vie. Elle a surtout honte quand elle revoit les amies avec qui elle a grandi. À 17 ans, elle a déjà deux enfants. Un âgé de 3 ans et un autre d’environ une année, qu’elle allaite. C’est avec peine qu’elle parvient à trouver un peu de manioc pour les nourrir chaque jour. Judith espère qu’un service de l’Etat pourra les aider à s’orienter dans leur mariage pour gagner de quoi vivre. Mais cette aide n’est pas près d’arriver.

 

 

Une précarité qui pousse à  »vendre » les filles

 

Kamonia est une commune rurale à 75 km de Tshikapa, le chef-lieu de ma province. Elle est dans une région du pays où l’on trouve beaucoup des mines artisanales de diamant. Des creuseurs viennent de partout pour tenter de trouver une pierre précieuse.  Sur la route principale de ma commune, on trouve un comptoir de diamant presqu’au bout de chaque avenue. Malgré cela, la population de Kamonia reste extrêmement pauvre. Cette situation favorise le mariage des enfants. Les parents sont prêts à donner en mariage leur fille à n’importe qui, afin de se libérer de cette charge et recevoir la dot. Ma voisine est une victime de cette  situation.

 

Je vois Judith souffrir et ça me fait très mal. Aucune enfant ne devrait vivre cette vie. Malgré tout cela, elle ne perd pas espoir et rêve d’un meilleur avenir.

 

C’est pourquoi je voudrais que cette histoire amène plusieurs organisations et le gouvernement à agir pour accompagner les enfants victimes de mariage précoce, et à sensibiliser afin que plus aucune enfant n’aille en mariage avant l’âge de 18 ans.

La place de la fille est sur le banc de l’école et non dans un mariage !