Jesmira, 13 ans, est enfant reporter à Kinshasa.

Je m’appelle Jesmira et j’ai 13 ans. Je suis enfant reporter de Kinshasa. Nous sommes à six dans la famille. Donc j’ai trois sœurs et deux frères. J’étudie dans un lycée à Kinshasa.

 

Lorsque j’arrive au lycée, je me fais rapidement des amies. Juste après, je me rends compte que certaines amies viennent vers moi parce qu’on peut manger ensemble à la récréation. Et je peux aider quelques-unes en payant leurs achats.

Mais, une fois que je tourne le dos, il y en a qui se moquent de moi. Et quand je refuse de leur payer à manger, les filles menacent de mettre fin à notre amitié. Cette situation a duré pendant deux ans. Après, j’ai compris ce qui se passait.

 

Avec le temps, j’ai remarqué que mes amies me faisaient de plus en plus mal. Elles m’insultaient, me traitaient de maigre, m’agressaient et versaient parfois de l’eau sur mon uniforme. Un jour, en me défendant, j’ai blessé une des filles qui me frappaient. On a fini à la direction. Et malheureusement, c’est moi qui ai pris la punition.

 

Mes notes ont chuté

 

Après ma punition à l’école, je suis rentrée à la maison. Mes parents m’ont aussi puni. En fait, mes parents ne savaient pas ce qui m’arrivait à l’école< J’avais peur de dénoncer mes amies. Disons que les filles à l’école avaient menacé de me corriger si je dénonçais leurs agissements. Donc, j’ai paniqué. Mes notes ont commencé à chuter. J’avais peur d’aller à l’école. Et en même temps, j’avais mal de voir que je n’avais pas de chance en amitié. Je pensais que c’était de ma faute. Parce que je suis maigre.

 

Je n’arrivais même plus à me regarder dans un miroir. Pour moi, j’étais moche. Et c’était uniquement à cause de moi que personne ne m’aimait.

Un jour, comme j’étais fatiguée de souffrir, j’ai décidé d’en parler à mon titulaire de classe. Malgré son rappel à l’ordre, les choses n’ont malheureusement pas changé et mes amies ont continué à me maltraiter. J’ai donc décidé d’en parler à la maison.

 

« Seul Dieu peut t’aider »

En fait, quand je parle à mon frère de ce que je traverse à l’école, il me renvoie à Dieu.

« Il faut prier parce que la prière est la solution à tout », me dit-il. Il me raconte qu’il est lui-même victime des moqueries dans son auditoire parce qu’il est trop mince. Et qu’en plus, il est timide. Il me conseille de juste prier, parce que la prière peut tout résoudre. Sa réponse ne me convainc pas. Je pense qu’il faut aussi faire autre chose. Je vais en parler à maman.

Malheureusement, comme mon frère, ma mère ne m’aide pas. À ce moment-là, je commence à perdre espoir. Je me dis que si maman ne peut pas m’aider, c’est que personne ne peut faire quelque chose.

Finalement, j’en parle à mon père. Il est étonné, mais décide de ne pas créer de scandale à l’école. Et quelques jours plus tard, il m’annonce que je change d’école. Je suis aux anges.

 

Je vais beaucoup mieux qu’avant

 

Dans ma nouvelle école, j’ai l’impression de respirer. En fait, ici aussi, on fait aussi des remarques sur mon corps, mais c’est moins violent. Et petit à petit, je reprends confiance en moi. Je sens que je peux tenir face à toutes ces personnes qui me traitent de maigre.

 

Et aujourd’hui, je pense que la masse ou la forme physique ne définissent pas une personne. Nous sommes tous égaux. On se moque des minces, des gros, etc. Donc, il y aura toujours une raison pour qu’on se moque de quelqu’un. En fait, je pense que chacun d’entre nous a ses complexes. Je crois aussi que certaines personnes font attention à ne pas réveiller ces complexes que les autres essaient de cacher. Ils n’y prêtent pas attention. Certains complexes vont jusqu’à affecter l’estime de soi ou avoir des conséquences graves sur la santé mentale des enfants. Donc, il faudrait éviter.

Arrêtons des discriminer les élèves qui sont différents. Apprenons à accepter les autres avec leurs différences. Cela aide.

 

Encadreur : Charly Bukasa