✍️ Par Kaseka, 14 ans, Enfant Reporter de Kinshasa
Ils sont trois. Ils portent des sacs de sable qu’ils vident près de mon école. Ce sont des enfants. Ils ont l’air fatigués et tristes. Je ne comprends pas tout de suite pourquoi. Je me dis que le poids des sacs doit sûrement être difficile à supporter. Je les regarde pendant un long moment avant de passer. Je sais que je veux leur parler.
Je commence par en discuter avec mon encadreur, qui accepte de m’accompagner à leur rencontre après les cours.
Une enfance volée
Cet après-midi-là, je parle à ces enfants qui vont finalement devenir mes amis. Le plus âgé a 15 ans, le plus jeune 12 ans. Cela fait plusieurs mois qu’ils vivent dans la rue. Ils travaillent sans relâche pour ne pas mourir de faim.
« Nos parents sont morts il y a quelques mois. Et personne ne s’occupe de nous. Au début, mon frère et moi avons décidé de nous battre pour scolariser notre cadet. Mais la vie est plus dure que ce qu’on pensait. On avait tellement de mal à survivre que notre frère a dû arrêter l’école pour nous aider », raconte l’aîné.
Ses deux frères, assis à côté de lui, hochent la tête. Ils sont épuisés. Ils me disent que, s’ils avaient le choix, ils seraient à l’école plutôt qu’au travail.
Quand je leur parle, j’ai l’impression de discuter avec des adultes. Ils ne parlent pas de jeux ni de rêves, mais de responsabilités. Mes amis ont perdu leurs parents, et maintenant, ils perdent leur enfance. Je trouve cela profondément injuste.
Les enfants travailleurs à Kinshasa
Ces enfants n’ont pas choisi de perdre leurs parents. Pourtant, ils sont contraints de travailler pour survivre. Et ils ne sont pas seuls.
À Kinshasa, comme ailleurs en RDC, de nombreux enfants sont obligés de travailler, parce que leurs parents sont décédés, qu’ils ont été abandonnés ou maltraités.
Mais un enfant ne devrait jamais avoir à subvenir seul à ses besoins. Ces enfants portent sur leurs épaules le poids des adultes. Ils ne seront plus jamais totalement des enfants, à cause de ce qu’ils vivent aujourd’hui.
Pour chaque enfant, son enfance
Je pense que tous les enfants devraient grandir en sécurité, pouvoir apprendre, jouer et rêver tranquillement. Parce que c’est leur droit.
Même si la réalité est différente, je crois en un avenir où les droits des enfants seront respectés, et où chaque enfant en République Démocratique du Congo pourra vivre pleinement son enfance.
Encadreur : Moïse Imbanda
Formés aux droits de l’enfant et aux techniques journalistiques, les Enfants Reporters de Kinshasa font entendre leurs voix et militent pour la protection, l’éducation et la santé de leurs pairs en RDC.
