La situation peut vous surprendre. Mais je vous raconte l’histoire de mon ami qui ne reste en classe que quand on ne chasse pas les élèves. Maintenant, lorsqu’on commence à chasser les enfants pour les frais scolaires, lui n’étudie qu’un seul jour.
Je m’appelle Estéban Babato, j’ai 11 ans, je suis en 5ième primaire. Je suis enfant reporter de Kinshasa. J’étudie au complexe scolaire Christ-Roi.
Daniel, c’est mon ami. Il a 10 ans. Bon, j’ai changé son prénom pour protéger son identité. Daniel n’assiste presque jamais aux cours pendant l’année. Il est toujours dehors. Mais pas de son plein gré. Pendant toute l’année, Daniel est mis dehors lorsqu’on contrôle les élèves en ordre avec les frais scolaires. Franchement, sa situation m’inquiète.
Un sur dix
En fait, je crois que les parents de Daniel n’ont pas assez de moyens pour payer sa scolarité. Du coup, il est chassé assez souvent lors des contrôles. Et cela, tout au long de l’année. Il ne paie que pour les examens. Mais comme il manque la plupart des cours, il échoue. Un jour, pour connaître notre niveau, le professeur organise une évaluation. Il veut savoir comment mes amis et moi comprenons les cours. Vous savez combien Daniel a eu à cette évaluation ? Un sur dix.
Malgré son échec, Daniel espère passer ses examens. Mais je pense qu’il ne pourra pas les faire. Et cela m’inquiète. En fait, comme on chasse toutes les semaines, le seul cours que suit mon ami, c’est celui du samedi. Mais ce n’est pas suffisant pour passer les examens. Même avec des révisions et des séances de rattrapage, c’est difficile de le remettre à niveau. Daniel risque certainement de redoubler son année.
Mon plaidoyer
Je demande aux autorités des écoles d’être plus cléments avec les enfants, surtout s’ils ont la volonté d’apprendre. Ils ne sont pas responsables du manque de moyens de leurs parents. Mais parfois, ils veulent vraiment étudier et changer les choses. En chassant les élèves qui n’ont pas payé les frais, c’est leur arracher un peu d’espoir et briser leurs rêves.
Daniel n’est pas le seul enfant dans ce cas. Si on ne peut pas garder les enfants qui payent en retard les frais scolaires, on pourrait trouver un mécanisme pour ne pas les mettre de côté. Au lieu de cela, mieux vaut les encourager à poursuivre et à réaliser leurs rêves.
Encadreur : Nova Kwaya
Estéban Babato, 11 ans, est enfant reporter dans la ville de Kinshasa.
