Divine Musao, 15 ans, est Enfant Reporter de Kipushi dans la province du Haut-Katanga.

J’ai appris que mon amie d’enfance est enceinte. Elle n’a que 16 ans et je suis choquée de l’apprendre. Elle est partie un moment donné rejoindre son père à Fungurume.

 

Je suis Divine Musao, enfant reporter de Kipushi dans la province du Haut-Katanga. Lorsque j’apprends la nouvelle de la grossesse de mon amie, je n’arrive pas à comprendre comment un père peu engrosser sa fille. Je croise mon amie par hasard à Kipushi. Son ventre a pris du volume. Je suis choquée.

Fungurume est une cité minière située dans la province du Lualaba, à la limite avec le Haut-Katanga.

 

Le père a violé sa propre fille 

 

Avant d’aller à Fungurume, mon amie vivait avec ses parents à Kipushi. Son père n’a pas d’emploi. Et sa mère va vendre des boissons dans les carrières minières. Elle peut y passer 3 à 5 jours, voire plus. C’est lorsque la maman n’est pas là que le père abuse de sa fille.

« La première fois qu’il m’avait violée, maman était allée dans la carrière pour vendre ses marchandises. Alors, papa est venu dans ma chambre vers 1 heure du matin habillé bizarrement. Ce sont ses attouchements qui m’ont réveillée. Il m’a fait des avances et j’ai refusé. Alors, il m’a pris de force et m’a violée. Lorsque j’ai voulu crier, il m’a fermé la bouche avec sa main. J’ai saigné abondamment. Mes petits frères dormaient aussi profondément et n’ont rien entendu, » pleure mon amie, pendant qu’elle me raconte cette scène.

 

Finalement enceinte de son père

 

Après la première fois, le père a pris l’habitude de venir assouvir ses désirs sexuels sur sa fille. « C’était devenu une habitude pour lui chaque fois que maman quittait la maison. J’ai eu du mal à le dénoncer. J’avais honte. Et je ne voulais pas être à la base des problèmes dans notre famille. Un jour, j’ai pris tout mon courage pour raconter à maman ce que papa faisait quand elle partait à la carrière. Malheureusement, c’était déjà tard. Je ne savais pas que j’étais déjà enceinte. Maman m’a renvoyée de la maison. Je déteste mon père. Je me demande si c’est vraiment mon père qui m’a fait ça », sanglote la fille.

Mon amie est revenue à Kipushi pour vivre avec sa grand-mère. Elle a arrêté ses études.

 

Justice pour mon amie

 

La loi condamne le viol sur mineur. C’est une infraction commise par une personne qui exerce une autorité sur la victime. L’article 34 de la Convention internationale des droits de l’enfant stipule que  « les Etats parties s’engagent à protéger l’enfant contre toutes les formes d’exploitation sexuelle et de violence sexuelle. À cette fin, les Etats prennent en particulier toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher :

a) Que des enfants ne soient incités ou contraints à se livrer à une activité sexuelle illégale;

b) Que des enfants ne soient exploités à des fins de prostitution ou autres pratiques sexuelles illégales »

 

Mon plaidoyer

Il faudrait que le père de mon amie soit poursuivi et sanctionné par la loi. Les autorités du Lualaba devraient se saisir de ce dossier pour éviter que cela n’arrive à d’autres enfants. Et j’estime que les mamans doivent prendre des mesures pour prévenir des tels cas dans leurs foyers.

 

Je demande aussi que les structures d’encadrement des enfants puissent accompagner et encadrer mon amie. Son avenir ne doit pas s’arrêter comme ça. Elle peut reprendre ses études après son accouchement. En ce moment, quand on parle, je sens qu’elle développe un sentiment de haine contre les hommes. Elle devrait aussi rencontrer des psychologues pour un meilleur accompagnement.

 

 

Encadreur : Christian Katondo