Daveline Mukendi, 14 ans, est enfant reporter dans la ville de Kinshasa.

 

Je m’appelle Daveline Mukendi et j’ai 14 ans. Je suis enfant reporter de Kinshasa et j’étudie à l’ITC Ngaliema.
Mon amie a 13 ans. En fait, elle ne travaille pas bien à l’école.

Et lorsque je lui ai posé la question pour savoir ce qui n’allait pas, elle m’a dit que c’est parce qu’elle n’a pas des fournitures scolaires. Bon, je vais l’appeler Judith.

 

Nous étudions ensemble depuis quelques années. Et à la rentrée de classe, Judith n’a jamais toutes les fournitures scolaires. Elle a à peine quelques cahiers et un stylo. Judith manque beaucoup d’autres choses.

En classe, il faut tout lui prêter. Et quand on doit amener un objet pour les travaux pratiques, elle n’emmène rien. Elle porte un uniforme usé et elle fait partie des élèves à qui on ne veut pas parler. Mais c’est mon amie.

Par manque de fournitures, mon amie ne peut suivre correctement les cours. Elle a un cahier pour plusieurs matières et a du mal à se retrouver entre ses notes. Et lorsqu’elle n’a plus de place dans son cahier, elle supplie quelques élèves de lui offrir des papiers de leurs cahiers, pour pouvoir écrire. Du coup, elle ne travaille pas bien. Et elle échoue souvent.

 

« Lorsque j’échoue, je suis tabassée »

 

À chaque fin de période, mon amie est toujours stressée. Elle parle tellement du jour de la proclamation, qu’elle finit par inquiéter tout le monde. Et elle échoue souvent.
Quand le directeur proclame ses résultats, mon amie a l’habitude de baisser la tête. Elle pleure. Après, on voit qu’elle ne veut plus rentrer à la maison. Et les jours qui suivent la signature des bulletins, elle ne vient pas en cours.

Un jour, je lui demande pourquoi elle ne vient pas en classe après la proclamation des résultats. Je lui dis qu’en tant qu’amie, c’est normal qu’elle me raconte certaines choses. Je la rassure qu’elle peut tout me dire. Silence. Après, ma copine éclate en sanglots. Je ne comprends plus rien. Elle pleure tellement que j’ai même peur.

Lorsqu’elle se calme, elle me raconte que si elle est toujours bizarre à l’école, c’est parce qu’elle ne vit pas avec ses parents. En fait, elle habite chez son oncle.
Tous les ans, son oncle et sa femme achètent les fournitures scolaires à leurs enfants pour la rentrée. Mais quand c’est le tour de Judith, il n’ y a jamais de fournitures. Judith ne reçoit ni cahier, ni stylo de son oncle. Mais malgré cela, elle doit réussir à l’école. Sinon elle est tabassée. Son histoire me dépasse, mais je ne sais pas comment l’aider. Je ne sais pas si je peux le dire aux responsables de l’école pour qu’on puisse l’aider à bien étudier. Nous sommes au début de l’année et c’est la rentrée de classe.

 

J’ai peur pour l’avenir de mon amie

En fait, je m’inquiète beaucoup pour mon amie. Je pense que son oncle détruit son avenir. Parce que venir à l’école n’est pas suffisant. Je crois même que c’est inutile d’y aller si ce n’est que pour faire de la figuration. L’oncle devrait aussi investir dans l’avenir de Judith comme il le fait pour ses enfants. Je voudrais croire que cette année, Judith pourra étudier dans des meilleures conditions.

 

Encadreur : Josué Bolongo