Carmela Matondo, 16 ans, est enfant reporter à Kinshasa.

 

 

On dit qu’« après la pluie, le beau temps ». Cette expression ne s’applique pas chez nous. Parce qu’après la pluie, c’est tout le contraire.

Je suis Carmela Matondo, j’ai 16 ans. Je suis élève du lycée messagerie et enfant reporter de la ville province de Kinshasa.

 

J’habite la cité des anciens combattants, dans la commune de Kasa-vubu. Dans mon quartier, pendant et après la pluie, il faut gérer les problèmes laissés par les eaux.

 

 

On doit évacuer l’eau après la pluie

 

Dans chaque parcelle de mon quartier, après la pluie, on a tous un seau en main. C’est pour évacuer l’eau des parcelles. Sinon, c’est impossible de sortir. L’eau qu’on retire des parcelles est versée dans la rue qui est elle-même est déjà inondée. Bref, c’est compliqué.

 

Dans notre parcelle par exemple, on a créé un passage pour canaliser l’eau. On a creusé dans le sol pour pouvoir canaliser l’eau et la conduire hors de la parcelle. Mais quand il pleut, ce passage est complètement recouvert par l’eau comme s’il n’existait pas.

 

Le problème est que, lorsque la saison de pluie revient, les problèmes reviennent. Donc, chaque jour, on dort inquiet en priant pour qu’il ne pleuve pas. Malheureusement, le ciel ne nous exauce pas toujours. Et après chaque pluie, ma maman demande à mes frères et moi, d’attendre que le niveau d’eau baisse suffisamment pour nous permettre de bien voir la route avant de sortir. Cela prend de plus en plus du temps. Parfois, cela peut prendre toute une journée. Comment faire alors pour aller à l’école ? Du coup, on a souvent des problèmes à l’école.

 

Un matin, il avait plu. Ma mère nous a demandé d’attendre que l’eau baisse avant de sortir. Mon frère et moi, nous n’avions pas le choix. Il fallait obéir. Mais on avait tous des interrogations importantes et on ne pouvait pas manquer l’école. Comme on commençait à être en retard, maman nous a laissé sortir malgré son inquiétude. Elle insistait sur le fait qu’on doit être attentifs à la rue. Nous arrivons en retard à l’école et nous sommes punis.

 

En fait, quand on arrive à l’école, le directeur de discipline nous demande une explication.

« La pluie n’est pas une raison, monsieur », me dit-il quand je lui explique qu’on ne pouvait pas sortir de la maison à cause de la pluie et que notre avenue est inondée. Finalement, on a dû écrire 100 fois, qu’on n’arrivera plus en retard à l’école. C’est énervant. Que faire?

 

Mon plaidoyer

 

Je pense qu’on devrait installer des poubelles publiques sur nos avenues pour diminuer la quantité des déchets que les gens jettent par terre et qui finissent dans les caniveaux. On devrait aussi la population à curer les caniveaux. En plus de tout cela, les habitants devraient être initiés au recyclage et à la gestion des déchets. Ces notions, mises en pratique peuvent aider à avoir des caniveaux qui seront moins bouchés. Cela va permettre aux eaux de pluies de couler normalement et ne pas stagner sur les routes. On ne peut pas continuer à vivre avec ces inondations. Il faut changer les choses.

 

 

 

Encadreur : Nova Kwaya