Jeancy est enfant reporter à Kinshasa.

 

Je m’appelle Jeancy et je suis enfant reporter de Kinshasa. J’habite un quartier de la commune de Ngiri-ngiri.
Un après-midi, l’un de mes voisins a commencé à crier dans la rue. En fait, c’est un enfant. Il faisait tellement de bruit pour embêter le quartier. On se demandait presque tous pourquoi il criait ?

 

Comme il n’était pas loin de notre parcelle, mon père a décidé de sortir pour lui parler. Mon père lui a demandé d’arrêter de crier ou bien d’aller crier loin de chez nous. En fait, avait du mal à travailler avec les cris de cet enfant. Il était déconcentré.

 

Lorsque mon père sort, il parle calmement au garçon. Malheureusement, le garçon s’emporte. Il crie sur mon père. Il répond qu’il est libre de faire ce qu’il veut sur la route de “ l’Etat”. Mon père a du mal à accepter cette réponse. Il lui rappelle qu’il est devant sa parcelle et qu’il avait le droit d’accepter ou non que quelqu’un s’y arrête. La situation devient compliquée. C’est maintenant un échange de paroles entre l’enfant et mon père. Pire, le garçon insulte mon père.

Alertés par le bruit, certains voisins sortent pour voir ce qui se passe. Ils sont choqués par la scène. D’autres parents crient sur le garçon. Les voisins tentent de faire comprendre à cet enfant qu’il y a une manière de parler aux aînés. Le garçon ne veut rien entendre. Il continue dans sa lancée. La scène me fait réfléchir.

En fait, je repense au temps où, il y a quelques années, on devait respecter les parents des autres comme s’ils étaient les nôtres. Peu importe la personne qui nous demandait quelque chose en chemin, tant qu’elle était plus âgée, on le faisait. Visiblement, ce temps-là est révolu.

 

On devrait revenir à nos anciennes valeurs

 

En fait, j’ai l’impression qu’aujourd’hui, certains jeunes sont devenus de plus en plus irrespectueux. Comment on est arrivé là? Il y a quelques années de cela, on me disait que les enfants devaient respecter même les adultes qu’on rencontrait dans la rue.

L’éducation diffuse était aussi importante que celle reçue à la maison. On pouvait voir des enfants corrigés ou réprimandés par des aînés sur la route et ramenés à la maison avec ces adultes qui les accusent auprès des parents.

Après, l’enfant ne recommençait pas. Il apprenait la leçon.

Je me demande pourquoi la situation a autant changé? On peut trouver un enfant en train de fumer sur la route et on ne peut rien lui dire.

Aujourd’hui, en plus de ne pas respecter les aînés, certains enfants vont jusqu’à crier des insanités sur la route au nom du fait qu’ils sont congolais et que la route appartient à l’Etat. Là encore, personne ne parle. Je pense que c’est inquiétant.

En fait, je me demande si on se rend compte que l’éducation des enfants est en difficulté? Certains enfants se comportent mal dans la rue parce qu’ils savent qu’on ne pourra rien leur dire. On devrait penser à l’importance de l’éducation des enfants et revenir à nos anciennes valeurs de respecter chaque aîné.

C’est par l’éducation, la bonne qu’on pourra aussi construire un Congo plus beau qu’avant.
Sincèrement, la scène de ce garçon m’a beaucoup choqué.
J’y repense encore aujourd’hui.

 

Encadreuse : Gabriella Rubuye