La plus grande actualité du moment à Goma, c’est l’insécurité. Depuis l’instauration de l’état de siège dans cette grande ville du Nord-Kivu, les espoirs d’une paix durable qui germait de cette décision gouvernementale s’envolent un peu plus, chaque jour. Il faut faire quelque chose.
Ces derniers jours nous voyons de tous les côtés de personnes tuées, le kidnapping aussi n’en parlons pas et souvent nous sommes embêtés par les militaires même avant l’heure du couvre-feu. Je m’appelle Jospin, je suis jeune reporter à Goma. Très récemment nous avons connu la mort de Yves, un jeune qui accompagnait des visiteurs autour de 20 heures. Il a été tué par balle. Il y a eu aussi le décès d’un jeune artiste connu sous le nom de The Black tué dans la même semaine que Yves.
Bref nous vivons dans la peur et après les autorités ne disent rien. Même pas l’ouverture d’une enquête pour apaiser les esprits dérangés et retrouver les auteurs de meurtres.
Dans mon quartier il y a un jeune qui a aussi a été victime d’une agression
Il s’appelle Yves. Il a été victime d’une agression policière à 20 heures et depuis il est inquiet : « c’était un samedi dans la soirée, je sortais d’une cérémonie de mariage et non loin de chez moi j’ai croisé les policiers qui ont pris tout ce que j’avais sur moi ; je ne pouvais pas m’opposer pour ne pas perdre la vie. »
J’ai demandé à Chris, c’est quoi la cause de cette insécurité à Goma et il a répondu que « très souvent quand tu discutes avec la police, elle te dit que
nous sommes en état de siège et si tu discutes on te tue et c’est la cause ».
J’ai partagé aussi en moitié l’avis de Chris parce que même récemment au marché de Virunga un chauffeur de taxi moto a été frappé de balles par un policier parce qu’il a simplement garé sa voiture à un endroit interdit heureusement que le chauffeur moto est en vie, mais il a été blessé.
La police et l’armée sont censées nous protéger et nous devons arriver à leur faire confiance
Chaque jour qui passe, nous pouvons voir si ce n’est pas un cas de mort, c’est un enlèvement ou même un corps victime ramassé comme c’était le cas le lundi passé.
Nous vivons dans la peur. Ceux qui sont sensés nous protéger ne font presque rien et par contre eux aussi nous agressent, il n’y a presque pas de poursuite contre les auteurs de crimes.
#RDC : Malgré la répression policière, un bon nombre des jeunes rassemblés samedi 22 janvier à #Goma, fleurs et bougies en main, a tenu un deuil collectif en mémoire de leurs frères et sœurs tués, victimes de l’insécurité grandissante qui se vit à Goma en plein état de siège. pic.twitter.com/J9MvI75fM5
— Lebon Kasamira (@lebonkasamira) January 22, 2022
Souvent quand tu demandes aux gens comment avoir une solution ; ils partagent la même réaction que Chris : l’État de siège ne fait que compliquer la situation : « l’ancien fonctionnement n’était pas aussi tragique que celui-ci, si on peut retourner au fonctionnement normal ça peut nous rassurer surtout enlever la gestion entre les mains de militaires peuvent nous aider parce qu’on souffre. »
La police et l’armée sont censées nous protéger et nous devons arriver à leur faire confiance. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement à travers l’armée et la police de prendre ses responsabilités très au sérieux parce que Goma devient de plus en plus compliqué. Au début d’état de siège nous avions beaucoup d’espoir, mais les choses se compliquent davantage. Les enfants ont le droit de vivre en sécurité.