Jenode est un Enfant Reporter de la ville de Kinshasa. Il a 12 ans.

Je m’appelle Jenode, enfant reporter de la ville de Kinshasa dans la commune de Masina. Ma commune vit dans une grande délinquance.

 

 

La panique totale

Mon père possède une pharmacie vers le fond de Masina, le long du chemin de fer. Il est environ 18 heures, mon père et moi sommes dans notre pharmacie entrain de vendre. Tout d’un coup, on voit à l’extérieur que les gens sont en train de courir dans tous les sens. Certains viennent même trouver refuge dans notre pharmacie.

 

 

Un affrontement à la machette

Mon père qui ne comprend pas ce qui passe, décide de sortir pour voir. Deux groupes de Kulunas s’affrontaient devant notre pharmacie. D’un côté « Molokai » et de l’autre « Barça », deux gangs qui sèment la terreur dans mon quartier. En plus de se battre entre eux, ils attaquent les paisibles ctoyens et ravissent leurs biens.

Nous étions tous en danger dans cette pharmacie. De plus en plus de gens se précipitaient pour y entrer. Nous avons vite fait de refermer la porte sur nous. On pouvait entendre des cris à l’extérieur et le son de machettes frapper contre la porte de la pharmacie.

 

 

Deux heures de terreur

Pendant près de deux heures, nous sommes restés enfermés dans la pharmacie, terrorisés. Une maman qui s’était abritée avec nous, tremblait comme une feuille. C’est seulement autour de 20 heures que la police est intervenue pour les disperser avec des tirs de sommation et du gaz lacrymogène. Une fois sortie, j’ai vu des traces de machettes sur la porte.

 

 

Une vie d’angoisse permanente

Cet événement décrit à lui seul l’atmosphère de peur dans laquelle nous vivons. Les enfants comme les adultes craignent même de sortir quand ils ne sont pas accompagnés. Les élèves sont pratiquement escortés par les parents ou grands-frères, pour éviter qu’ils ne soient victimes collatérales de ces afrontements d’une rare violence.

Dernièrement, un élève a eu la main coupée à la machette lors d’une bagarre entre Kulunas. Quand j’ai vu les photos, j’ai passé une journée sans manger, tellement c’était horrible.

 

 

Assez !

Je ne supporte plus cette situation. Comment est-ce qu’on peut vivre dans la peur tous les jours ? Est-ce une vie ça ? Mais que fait la police ? N’est-ce pas son rôle de garantir la sécurité des personnes et de leurs biens ? Ce sont ces questions que je me pose continuellement.

Les enfants de mon quartier ne souhaitent qu’une seule chose : vivre en paix. Voilà pourquoi je demande au ministre de l’Intérieur et au bourgmestre de la commune de Masina d’accroître la présence policière dans les rues de mon quartier, pour éradiquer les gangs. Nous avons assez vécu dans la peur.