Nous sommes à l’ITC Lemba quand Amina, une jeune fille de 12 ans, nous raconte son histoire. En fait, elle doit arrêter l’école. Elle ne réalisera peut-être jamais ses rêves. Elle nous parle de la chance qu’on a d’étudier. Je m’appelle Masudi. Je suis élève à l’ITC LEMBA et enfant reporter de Kinshasa.
Amina habite la commune de Lemba,, à Kinshasa, comme moi. Nous sommes amies. C’est une fille intelligente. Et c’est cela qui m’a attiré chez elle. Quand on discute avec elle, on a l’impression qu’elle a réponse à tout. C’est une vraie passionnée de ses études. Avec elle, je parle de tout et de rien. Elle me motive à aller à l’école.
Rêve perdu
Un jour, Amina arrive à l’école toute triste. D’autres amies et moi sommes réunis autour d’elle. On essaie de comprendre ce qu’elle a, mais elle reste silencieuse. La tête baissée, elle bouge à peine. On peut sentir sa tristesse. On s’inquiète.
Qu’est-ce qui ne va pas avec mon amie. Au bout d’un moment, elle lève la tête et nous regarde tous. Amina pleure. Des larmes coulent. Elle essaie de parler, mais n’y arrive pas. Aucun son ne sort de sa bouche. Nous pensons que quelqu’un est mort dans sa famille. En fait, elle n’a perdu personne. Elle a juste « perdu son rêve ». Sur le coup, je ne comprends pas ce qui lui arrive. Donc, je lui demande une explication.
« Vous ne me reverrez peut-être plus ici… »
« Vous ne me reverrez peut-être plus ici avec vous», nous dit Amina, après s’être calmée. Quand on lui demande pourquoi ? Elle nous raconte que son père a perdu son travail depuis longtemps. Malgré cela, elle a continué ses études en espérant que son père va trouver un autre travail pour subvenir à ses besoins.
Malheureusement, en plus du chômage, son père est tombé malade. Depuis cela, sa famille traverse des moments difficiles. Même manger est devenu un problème. Amina doit arrêter ses études et abandonner son rêve de devenir médecin.
Aucune aide pour Amina
Lorsque Amina nous dit ce qui lui arrive, nos autres amies et moi sommes troublés. On essaie de lui proposer des solutions comme lui apporter des copies à chaque sortie des cours. En fait, nous savons que cela ne marchera pas longtemps.
L’autre solution, c’est d’en parler aux professeurs pour qu’on lui accorde une faveur. On lui en parle aussi. Mais, Amina nous explique qu’elle a essayé d’en discuter avec certains professeurs. Malgré ses explications, ils ne peuvent pas l’aider.
« C’est ce qu’ils ont dit », conclut-elle. Cette fois-ci, elle fond en larmes. On ne sait pas quoi faire.
« …Je me sens inutile… »
Même si elle n’est plus en cours avec nous, Amina continue de venir nous voir à l’école. Souvent, on discute des matières qu’on apprend. Et elle nous parle de sa nouvelle vie.
« J’aimais tellement l’école. J’étais si heureuse d’apprendre, nous confie Amina, les larmes aux yeux. Aujourd’hui, je me sens inutile. C’est comme si mon avenir est gâché… Je veux apprendre comme les autres ! », dit-elle. Elle éclate en sanglots.
L’histoire d’Amina m’a tellement touché et c’est pour cela que j’en parle. J’imagine qu’il y a d’autres enfants qui sont aussi dans cette situation à Kinshasa et dans d’autres villes de la RDC. Ils sont privés d’un de leur droit fondamental : le droit à l’éducation.
En fait, les enfants ne devraient pas abandonner leurs rêves parce que les parents n’ont plus suffisamment d’argent pour les envoyer à l’école. Je pense que l’Etat devrait prendre des dispositions pour que même les enfants des familles démunies aient accès à l’école. Et pour cela, la gratuité de l’enseignement n’est visiblement pas suffisante. Il faudrait prévoir d’autres mécanismes pour aider et soutenir l’éducation des enfants.
J’espère que mon amie aura la chance de retourner à l’école. Surtout, j’espère qu’elle pourra devenir médecin. C’est son rêve.
Pour chaque enfant, le droit à l’éducation.
Encadreur : Moise Imbanda