Je m’appelle Jospin Hondi, je suis enfant reporter de la ville de Bukavu. J’ai rencontré Francky, un enfant dont le père est militaire. Il réside au camp Saïo, et mendie dans la ville de Bukavu pour avoir de l’argent ou de la nourriture.
Je l’ai rencontré dimanche, alors que je sortais de l’église, à quelques mètres de la place Mulamba dans la commune de Kadutu. Il était très sale et ne sentait pas bon du tout. J’ai pris le courage de l’approcher pour en savoir un peu plus sur lui.
Francky est l’aîné d’une famille de 8 enfants. Il a 15 ans. Sa mère tient un salon de coiffure. Il était en sixième primaire l’année précédente, quand il a arrêté ses études. Son père lui avait demandé de les stopper d’abord, parce que les moyens financiers ne lui permettaient pas d’assurer toutes les charges du foyer avec son maigre salaire.
Francky a alors décidé de commencer à parcourir la ville pour mendier. Sa situation m’a tellement choqué que j’ai failli l’amener chez mes parents. Je ne peux pas comprendre qu’un enfant de cet âge soit dans un tel état, alors que ses parents sont en vie. Il était dans un état vraiment pitoyable.
Selon lui, bon nombre d’enfants vivant dans le camp ne fréquentent plus l’école parce que leurs parents n’ont pas les moyens nécessaires. C’est une bombe à retardement qui finira un jour par exposer en pleine face de la ville de Bukavu. Car ces enfants abandonnés quasiment à eux-mêmes sont exposés à la violence. Le manque de perspective détruit leurs rêves et réduit leur espérance. Tout leur avenir est remis en question.
Je recommande donc que le gouvernement rende effective la gratuité de l’enseignement à tous les niveaux, et que tous les enfants de la République bénéficient des mêmes droits et avantages.