Dans ma ville, Goma, la rentrée scolaire de cette année n’a rien de semblable aux autres. Trois semaines après la reprise des cours, voici les faits qui m’ont marqué et que je souhaite partager.
Un retour à l’école entre joie et tristesse
Le jour de la rentrée, je me suis levé tôt, enthousiaste à l’idée de retourner à l’école. Mais en chemin, j’ai tout de suite remarqué une différence : il y avait beaucoup moins d’élèves que d’habitude.
Certains enfants riaient de joie, heureux de retrouver leurs camarades, tandis que d’autres semblaient tristes. L’émotion se lisait sur leurs visages, comme si chacun portait une histoire différente.
Un moment m’a particulièrement touché : mon ami Christian, du quartier, n’a pas pu venir à l’école faute de fournitures scolaires. Il était très triste. Cela m’a peiné, car je ne pouvais rien faire pour l’aider. J’éprouve même une gêne à lui raconter mes journées, sachant qu’il ne peut pas les partager avec moi.
La peur du conflit toujours présente à l’école
À l’école, les souvenirs de la guerre restent vifs. Certains camarades craignent que le conflit à l’Est de la RDC reprenne, d’autres n’osent pas revenir en classe.
Nous redoutons tous de revivre la réalité de l’année passée : des enfants forcés d’interrompre leurs études ou de fuir la ville pour se protéger.
Entre espoir et incertitude
Malgré ces inquiétudes, j’ai choisi de voir aussi le positif. Revoir mes amis en bonne santé m’a réconforté et donné un peu d’espoir. J’aimerais tellement que Christian et les autres absents puissent bientôt nous rejoindre.
Mais je ne peux pas dire que cette rentrée a été la meilleure. L’ambiance reste lourde, et la confiance n’est pas encore revenue dans le cœur des enfants.
Alors, je me pose plusieurs questions :
- Dois-je être optimiste quant à la possibilité de terminer cette année scolaire dans de bonnes conditions ?
- Dois-je croire que Christian et les autres reviendront en classe ?
- Dois-je espérer que nous pourrons étudier sans peur ni interruption ?
Je veux répondre « oui ». Mais je sais que cela dépend aussi de l’engagement de nos autorités.
Pour une éducation de qualité dans la paix
C’est pour cela que nous plaidons, pour Christian, pour nous tous, et surtout pour les enfants de l’Est de la RDC : une éducation de qualité, dans la paix et sans interruption.
Car c’est seulement ainsi que nous pourrons construire un avenir meilleur pour notre pays.
Samuel Kaliba est un Enfant Reporter de la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu.
