Je m’appelle Vainqueur. J’ai 10 ans et je suis enfant reporter de Kinshasa. Depuis quelque temps, lorsque je me dispute avec mon frère, il arrive qu’on puisse se battre. En fait, je pense qu’il n’écoute pas ce qu’on lui dit et il est désobéissant. C’est en tout cas ce que je vois.
Naturellement, je n’aime pas qu’on touche à mes affaires. Mais mon petit frère n’en fait qu’à sa tête et il met du désordre dans mes affaires. Vivre avec lui, c’est beaucoup plus difficile que cela en a l’air. Ça m’énerve. Donc souvent, on en arrive aux mains.
Il y a quelques semaines, il a cassé ma voiture. C’est l’un de mes jouets préférés. Comme j’étais en colère, je n’ai pas réfléchi. J’ai juste sauté sur lui et je l’ai frappé.
Heureusement, nous n’étions pas seuls à la maison. Mon oncle, qui nous surveillait, nous a séparé. Le soir, quand les parents sont rentrés, on leur a raconté ce qui s’est passé. Déçu qu’on se soit battu, ils nous ont puni. Ça n’a malheureusement pas résolu le problème. Je sais que la violence n’est pas une bonne chose pour les enfants. Mais quand je suis en colère, c’est souvent plus fort que moi.
J’ai été initié aux droits de l’enfant
Alors, quand j’ai participé à la formation sur les droits de l’enfant avec l’UNICEF, j’ai appris tout ce qui concerne la Convention relative aux droits de l’enfant. Lors de cette formation, on nous a parlé des violences physiques comme une violation des droits de l’enfant. Et, d’après ce qu’on nous a dit, frapper un enfant est une violence physique. J’ai vraiment bien compris à la formation.
Maintenant, je me demande si je ne suis pas moi-même en train de violer les droits de l’enfant en étant violent avec mon frère. Après la formation, j’ai été le premier à parler des droits de l’enfant autour de moi. Je crains que mes actions ne donnent pas une bonne image.
Ma situation me complique personnellement. Je me demande, si un enfant peut violer les droits d’un autre enfant ? En fait, si la violence physique sur un enfant viole son droit, alors là, je crois que je viole souvent l’un des droits de mon frère. Et cela me dérange vraiment.
J’ai décidé de changer
Mon encadreur m’explique que même un enfant peut violer les droits d’un autre enfant comme lui. Elle me parle aussi des risques et des conséquences que ces bagarres avec mon frère peuvent entraîner.
Elle me rappelle que je suis un « ambassadeur » des droits de l’enfant dans mon école et dans la communauté. Donc, je dois être exemplaire. Comment faire alors avec mon petit frère quand je m’énerve ?
J’écoute attentivement mon encadreur. En fait, je savais déjà que je violais l’un des droits de mon frère. Quelque chose me le disait. Tout ce que je voulais, c’était d’en être sûr. Et, maintenant que je sais. Je ferai le nécessaire pour changer les choses. Être plus dans la parole avec mon frère que dans la bagarre. C’est vraiment important d’apprendre à respecter les droits d’autres enfants, même quand on est soi-même enfant.
Je ne sais pas encore comment je vais faire. J’ai décidé de ne plus frapper mon frère. Promis.
Encadreuse : Abigaël Mwabe